La conférence censurée par l’IEP de Lyon s’est tenue dans la rue

Suite à l’interdiction de la conférence par la direction de l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, nous nous sommes installé-e-s dehors sur les quais du Rhône, sous un pâle rayon de….

Suite à l’interdiction de la conférence par la direction de l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, nous nous sommes installé-e-s dehors sur les quais du Rhône, sous un pâle rayon de soleil en cette fraîche soirée du mardi 25 mars.

Nous tenons à remercier chaleureusement notre conférencier venu de Paris exprès pour l’occasion, Mr Ivar Ekeland de l’AURDIP, la cinquantaine de personnes qui a eu le courage de se déplacer pour assister à la conférence, ainsi que tous ceux et toutes celles qui nous ont soutenu-e-s dans cette épreuve (étudiant-e-s, professeur-e-s, les syndicats du MEG et du FSE, etc.).

Comme nous l’écrivions dans notre communiqué la semaine dernière, il s’agit moins du fait de censure que de l’impossibilité d’ouvrir dans les universités françaises un débat critique sur Israël qui nous préoccupe. Nous continuerons de nous battre jusqu’au bout pour que ce débat ait lieu.

Vous trouverez ci-dessous le communiqué de soutien écrit par Mr Philippe Corcuff, sociologue et maître de conférence à l’IEP de Lyon.

Génération Palestine Lyon.


Communiqué de Philippe Corcuff quant au nécessaire respect de la liberté d’expression de la cause palestinienne à l’IEP de Lyon

Je me félicite de la tenue, hier mardi 25 mars, de la conférence d’Ivar Ekeland, ex-Président de l’Université Paris-Dauphine et président de l’Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP), sur le thème « Les relations universitaires franco-israéliennes : enjeux et perspectives », à l’initiative de l’association Génération Palestine Lyon et du MEG. Je regrette que cette conférence ait du se tenir en plein air sur les quais du Rhône et non pas à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, comme cela était demandé par ses initiateurs.

La campagne internationale BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) vis-à-vis de la politique coloniale de l’Etat d’Israël, mouvement pacifiste de solidarité citoyenne à la cause palestinienne, a pleinement le droit de s’exprimer dans les espaces publics et universitaires en France. Pour ma part, je soutiens globalement cette campagne BDS. Par contre, je ne suis pas favorable, à titre personnel, à un boycott systématique des relations culturelles et universitaires avec l’Etat d’Israël, mais plutôt au cas par cas. Pourquoi ? Car je pense que la légitime et nécessaire campagne de boycott des produits israéliens et des relations économiques avec l’Etat d’Israël doit aussi se soucier du développement des liens avec les secteurs anticoloniaux et pacifistes de la société israélienne et être attentive aux contradictions critiques au sein de cette société, telles qu’elles peuvent tout particulièrement se manifester à l’université (notamment dans les sciences humaines et sociales) et dans la création artistique. En tout cas, ce type de différences dans la cadre de la campagne BDS doit pouvoir s’exprimer au sein de réunions publiques comme celle qui a eu lieu hier.

Je souhaite que, dans le futur, l’IEP de Lyon puisse garantir la liberté d’expression aux forces de solidarité pacifique avec la cause palestinienne. Je comprends que des raisons de sécurité des étudiants et des personnels, face aux menaces éventuelles d’intrusion de groupes violents hostiles à la cause palestinienne, soient prises en compte par la direction de l’IEP. Mais ces raisons de sécurité ne doivent pas primer sur la liberté d’expression. Dans l’avenir, la direction de l’IEP doit ainsi accepter une concertation avec les associations et syndicats étudiants afin que de telles réunions puissent se tenir dans ses locaux dans des conditions de sécurité.

Philippe Corcuff, maître de conférences de science politique à l’IEP de Lyon, le 26 mars