L’université de Californie prend la défense d’une professeure prise pour cible par des organisations sionistes

Une professeure de l’université d’État de San Francisco a été lavée d’accusations, portées par des groupes liés à Israël, de « détournement de fonds » pour s’être rendue en Palestine….

Une professeure de l’université d’État de San Francisco a été lavée d’accusations, portées par des groupes liés à Israël, de « détournement de fonds » pour s’être rendue en Palestine et en Jordanie, plus tôt cette année, et avoir rencontré des dirigeants et personnalités politiques palestiniens.

Il y a tout juste quelques jours, l’université d’État de San Francisco a conclu catégoriquement que de telles accusations n’ont « aucun fondement » et que l’université « ne censurera pas nos universitaires ni ne tolèrera qu’ils le soient par d’autres ». En outre, le doyen du collège des Études ethniques a admonesté les accusateurs pour leurs « méthodes de type propagandiste ».

Le Dr Rabab Abdulhadi, universitaire émérite et professeure agrégée des études ethniques et des études sur les origines et les résistances, a été la cible d’une campagne de plusieurs mois conduite par Initiative Amcha, un groupe sioniste de chiens de garde basé à Santa Cruz qui harcèle les étudiants militant pour la solidarité avec la Palestine et les membres du corps enseignant qui critiquent la politique d’Israël.

« Fondamentaux pour l’érudition »

Amcha et les autres groupes de chiens de garde alignés sur Israël, dont le Campus Outreach du centre de Simon Wiesenthal, StandWithUS, l’organisation sioniste de l’Amérique, et les Universitaires pour la paix au Moyen-Orient, ont accusé Abdulhadi en mai de « d’avoir dénaturé » la nature de son voyage et « négligé d’informer » les dirigeants de l’université d’État de San Francisco de ses rencontres programmées avec Sheikh Raed Salah et Leila Khaled, tous deux identifiés par Amcha et les autres groupes comme des « terroristes ».

Ils accusaient aussi la professeure de « gaspillage manifeste de l’argent de l’université et des contribuables, ainsi que d’infractions à la législation de l’État de Californie, qui interdit d’utiliser les ressources de l’État à des fins personnelles ou politiques. »

Sheikh Raed Salah, citoyen palestinien d’Israël et dirigeant politique et religieux, a été la cible de groupes anti-palestiniens aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il a été arrêté par les autorités britanniques sur des accusations infondées en 2011, accusations rejetées par un juge un an plus tard. Il a également été emprisonné à multiples reprises par Israël.

Leila Khaled est une réfugiée palestinienne et un symbole de la résistance armée palestinienne en raison de sa participation à deux opérations de détournement d’avions, en 1969 et en 1970.

Dans une déclaration publique de huit pages qu’elle a publiée la semaine dernière, Abdulhadi écrit : « Mon intention exprimée de mener des recherches et de créer des réseaux avec des universitaires dans la région et à travers le monde est un usage légitime et important de l’argent de l’État. En tant que chercheur titulaire à Initiative pour les ethnies arabes et musulmanes et les diasporas, il rentre dans mes fonctions de construire une collaboration en matière d’enseignement et de recherche, sur la Palestine et entre les Palestiniens, aux USA et ailleurs dans le monde. La recherche et le débat entre les acteurs aux USA et en Palestine sont fondamentaux pour mon érudition. C’est, au premier chef, l’une des raisons pour lesquelles l’université d’État de San Francisco m’a engagée. »

La professeure ajoute que « les réunions avec des personnalités diverses et controversées en Palestine servaient le but éducatif du voyage. » Elle note qu’il n’existe « aucune loi ou règlement de l’université qui interdise de rencontrer et de parler avec des personnalités considérées comme « controversées » dans le discours médiatique et dominant américain. Une telle activité est de toute évidence protégée par le Premier Amendement et est un élément indispensable pour recueillir et partager l’information. De telles rencontres sont la force vitale même de l’université, du journalisme et des autres champs de production de connaissances, et elles sont également protégées par la liberté universitaire. »

« Aucun fondement »

Dans un bref communiqué publié le 24 juin, l’université d’État de San Francisco et son président, Les Wong, indiquent que l’université a examiné les accusations et qu’elle est arrivée à la conclusion que les accusations d’Amcha « n’avaient aucun fondement ».

Le communiqué de l’université se lit comme suit :

« Récemment, Initiative Amcha, le campus Outreach du Centre Simon Wiesenthal, et d’autres, ont lancé des accusations contre la professeure Rabab Abdulhadi à propos de son voyage. L’université d’État de San Francisco a pris ces accusations sur l’emploi de l’argent de l’État au sérieux, elle en a étudié les tenants et aboutissants, comme il convenait.

« Les relevés du voyage de la professeure Abdulhadi ont été examinés, et ils sont conformes aux règlements établis, sans faute ni infraction. Par conséquent, nous concluons que les accusations portées contre la professeure Abdulhadi n’ont aucun fondement. Les procédures et règlements de l’université d’État de Californie relatifs aux voyages sont consultables sur : http://fiscaff.sfsu.edu/content/csu-travel-policy

« Le corps enseignant peut communiquer, et il le fait, avec d’autres personnes concernées par ses recherches, communiquant par différentes méthodes qui peuvent impliquer un voyage. Le travail universitaire de la professeure Abdulhadi dans le cadre des études sur les origines et les résistances requiert l’examen de certaines questions parmi les plus sensibles et controversées. L’université d’État de San Francisco continuera de respecter la liberté universitaire, et nous ne censurerons pas nos universitaires, ni ne tolèrerons qu’ils le soient par d’autres.

« L’université d’État de San Francisco reste attachée à fournir un environnement sécuritaire et courtois sur le campus qui soutient tous les membres de sa communauté. »

En outre, le doyen du collège des Études ethniques a publié sa propre déclaration le 25 juin, admonestant Amcha « pour ses intentions hostiles interminables et ses méthodes de type propagandiste ».

« Historiquement, la prise de conscience de la réalité par Amcha n’a pas découragé ses agressions acharnées et mesquines » déclare le doyen Kenneth Monteiro.

Et Monteiro d’ajouter :

« Depuis un certain nombre d’années, Amcha va bien au-delà d’une expression de ses opinions, et il a acquis une réputation de désinformateur de la réalité au détriment de personnes et d’institutions. En outre, il apparaît aussi qu’il tente d’exciter des gens très influents afin de nuire à ceux avec lesquels il est en désaccord. Il l’a fait pour certains de l’université d’État de San Francisco et pour d’autres sur des campus de Californie. Récemment, Amcha a porté un certain nombre d’accusations mensongères et sensationnalistes contre des étudiants et professeurs de notre campus. De plus, il a fait la promotion de ses accusations auprès de médias compréhensifs. Plus pernicieux encore, il a exercé des pressions sur des personnalités civiques et privées de premier plan, dont le gouverneur de l’État et des dizaines de dirigeants au niveau de l’État et local, les incitant à sanctionner les personnes et institutions sur la base de déclarations trompeuses ou fausses.

« …Les attaques à sensation basées sur une information incomplète ou inexacte comme celles-ci (parfois accompagnées de demandes de dons en argent) exploitent les pires craintes chez beaucoup de personnes, provoquant un désarroi injuste et inutile chez ceux qui sont les cibles d’Amcha, comme chez leurs alliés déclarés. Associer la désinformation, l’instigation, ou l’attaque directe contre des organisations universitaires ou des personnes dégradent le climat sur le campus aux dépens de tous. »

Espionnage

En janvier, Asa Winstanley, d’Electronic Intifada, et moi-même, avons publié un rapport d’enquête sur le lourd passé d’Amcha en matière d’espionnage des militants étudiants et des professeurs qui soutiennent le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions sous égide palestinienne.

La cofondatrice d’Amcha, Tammi Rossman-Benjamin, est conférencière à l’université de Californie de Santa Cruz. Elle a précédemment déclaré que les étudiants engagés dans des organisations de solidarité pour la Palestine avaient des liens avec des « organisations terroristes » et que « beaucoup d’entre eux sont des étudiants étrangers qui viennent de pays et de cultures où l’antisémitisme constitue la façon de concevoir le monde ». Sa déclaration raciste a été enregistrée sur vidéo en 2012.

À l’époque, les étudiants de l’université de Californie de Santa Cruz avaient demandé à l’université de condamner son discours de haine. L’administration a refusé de commenter et n’a pris aucune mesure disciplinaire.

L’histoire d’un échec

Rossman-Benjamin et Amcha ont pris pour cibles d’autres professeurs en Californie qui avaient exprimé ouvertement des critiques à l’encontre d’Israël, accusant de tels éducateurs d’ « antisémitisme » et de « détournement » des ressources publiques. À ce jour, aucune de ces accusations n’a conduit à une sanction pour ces professeurs. Dans le même temps, la tentative du groupe de se servir de la législation sur les droits civiques pour clore le débat sur Israël était rejetée par le gouvernement des États-Unis l’année dernière.

Le chapitre pour la région de la Baie de San Francisco de l’Association nationale des avocats a déclaré dans une lettre récente au conseil d’administration de l’université de Californie et au conseil des fiduciaires de l’université d’État de Californie que les capacités d’Amcha en matière d’« intimidations acharnées » contre les professeurs et les institutions d’enseignement « peuvent être contrecarrées par une émission de la part des universités, de déclarations claires, fortes, faisant respecter les principes de la liberté universitaire en général, et du débat sur la Palestine et Israël en particulier – et en rejetant dans les plus brefs délais les exigences inconstitutionnelles d’Amcha et des autres, à chaque fois qu’elles sont posées. »

« Une série d’incidents »

Les avocats du groupe Soutien juridique de la Solidarité Palestine, qui ont assisté le Dr Abdulhadi dans la défense de sa liberté pour la recherche et l’érudition, ont déclaré dans un communiqué de presse que « cette attaque d’Amcha est le plus récent d’une série d’incidents visant à étouffer et à criminaliser le moindre débat sur la Palestine ou les Palestiniens ».

Depuis le rejet des accusations par l’université d’État de San Francisco, cette semaine, Amcha a déclaré qu’il demandait maintenant, avec les autres groupes de chien de garde liés à Israël, que le contrôleur de l’État de Californie procède à un audit d’État de l’université.

Dans le communiqué de presse de Soutien juridique de la Solidarité Palestine, Abdulhadi déclare : « Partout en Californie, il a été prouvé à maintes reprises que les accusations d’Amcha Initiative n’étaient que de la fumée, et pas du feu. La déclaration du président Wong, de l’université d’État de San Francisco, confirme qu’il n’y a eu ici aucun acte répréhensible. Mais nous devons faire plus pour protéger les universitaires de Californie contre les campagnes McCarthystes d’Amcha, dont le but est de mettre une camisole aux universitaires des Études ethniques, spécialement à ceux qui étudient la Palestine. »