L’affaire du professeur licencié pour des tweets « inciviques » est réglée

Chicago, 12 novembre 2015 – Aujourd’hui, le Centre pour les droits constitutionnels (CCR) et le co-conseil Loevy & Loevy ont annoncé le règlement de l’affaire du professeur Steven Salaita ,….

Chicago, 12 novembre 2015 – Aujourd’hui, le Centre pour les droits constitutionnels (CCR) et le co-conseil Loevy & Loevy ont annoncé le règlement de l’affaire du professeur Steven Salaita , qui l’oppose à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign (UIUC) pour l’avoir licencié de son poste permanent à cause de ses tweets personnels dans lesquels il a critiqué l’offensive du gouvernement israélien sur Gaza en 2014. Le professeur Salaita a poursuivi en justice l’UIUC, le conseil d’administration de l’université et des administrateurs haut placés pour violation du droit à la liberté d’expression du Premier amendement et pour violation du contrat. Le licenciement de Salaita a suscité des débats sur la liberté académique, la liberté d’expression et la répression de ceux qui défendent les droits des Palestiniens. Un accord a été conclu et l’université a accepté de verser 875 000 dollars pour que le professeur retire sa plainte.

« Cet accord est une victoire pour moi, mais surtout pour la liberté académique et le Premier amendement », a déclaré le professeur Salaita. « Les pétitions, les manifestations et les enquêtes, ainsi que l’action en justice, ont ravivé le rôle de l’enseignement supérieur américain en tant que lieu de la pensée critique et du débat profond, et je remercie vivement tous ceux qui ont fait entendre leur voix. »

Suite au licenciement du professeur Salaita, les étudiants ont suspendu leurs activités ; plus d’une trentaine de conférences et de discussions programmées dans l’établissement ont été annulées ; 5000 universitaires se sont engagés à boycotter l’UIUC ; une motion de censure a été adoptée par 16 départements universitaires de l’UIUC à l’encontre de l’administration de l’université ; et des organisations universitaires réputées, dont l’Association américaine des professeurs d’université (AAUP), l’Association des langues modernes et la Société des professeurs de droit américains, l’ont condamnée publiquement. En avril, l’AAUP a publié un rapport accablant sur la rupture du contrat de Salaita et a adopté, en juin, une motion de censure contre l’UIUC à cause de ses mesures. En août, un juge fédéral a rejeté l’argument de l’université selon lequel le professeur Salaita n’avait pas été réellement embauché, malgré un contrat et l’installation imminente de toute la famille à l’université, et a écrit : « Si la Cour accepte l’argument de l’Université, tout le processus de recrutement des universités américaines tel qu’il est mis en œuvre actuellement n’aurait plus lieu d’être. »

Dans les heures qui ont suivi la décision de la cour, Phyllis Wise, la rectrice, qui a envoyé au professeur Salaita la lettre l’informant de la rupture de son contrat un an plus tôt que prévu, a démissionné de l’UIUC. Le lendemain, l’université a révélé que des membres de l’administration utilisaient leurs comptes e-mails personnels afin d’éviter que leur correspondance ne soit rendue publique.

Dans un e-mail publié dans le cadre de la Loi sur la liberté de l’information (FOIA), la rectrice a admis que non seulement elle utilisait son compte e-mail personnel à cause du litige, mais qu’elle supprimait aussi ses messages après leur envoi. Le vice-recteur, Ilesanmi Adesida, a démissionné quelques semaines plus tard. On avait appris auparavant dans le cadre de la FOIA que de riches donateurs de l’UIUC avaient menacé d’arrêter leur financement si le professeur Salaita n’était pas congédié.

« Le cas du professeur Salaita a galvanisé les défenseurs de la liberté académique tout comme ceux qui militent pour les droits des Palestiniens, en montrant clairement que sanctionner les propos, même ceux qui osent critiquer les atrocités du gouvernement israélien, ne sera pas toléré. Il a soulevé une condamnation générale de l’attitude de l’université et a abouti à un jugement de la cour fédérale qui a constaté qu’il avait un contrat, et ses tweets ont été protégés par le Premier amendement. En fait, le professeur Salaita a gagné, et cet accord lui permet de passer à autre chose et de se concentrer à nouveau sur son travail d’universitaire de premier rang et d’excellent enseignant », a dit Maria LaHood, directrice ajointe des services juridiques du Centre pour les droits constitutionnels.

En juillet 2014, après avoir signé son contrat avec l’université, le professeur Salaita a tweeté plusieurs messages assez explicites avec son compte personnel, exprimant son indignation et son désarroi au sujet des offensives du gouvernement israélien sur Gaza, qui ont tué plus de 500 enfants. Le licenciement du professeur Salaita entre dans le cadre plus large de mesures de répression contre l’activisme en faveur des droits des Palestiniens, comprenant des annulations d’évènements, des plaintes en justice non fondées telles que l’affaire en cours à Washington contre les administrateurs de l’Olympia Food Co-op pour leur boycott des produits israéliens, des mesures administratives et disciplinaires, de fausses accusations de terrorisme et d’antisémitisme qui sont de la provocation, et des lois pour interdire les boycotts des produits et des institutions israéliens. Le Centre pour les droits constitutionnels a participé cet automne, en collaboration avec l’association Palestine Legal, à la rédaction d’un rapport sur les tentatives généralisées de faire taire les activistes américains qui critiquent les politiques d’Israël, titré « L’exception Palestine à la liberté d’expression ».

« Qu’on ne s’y trompe pas : la dimension de cet accord est une reconnaissance implicite de la consistence des revendications constitutionnelles et contractuelles du professeur Salaita », a déclaré Anand Swaminathan de Loevy & Loevy. « Il a remporté une victoire importante pour ceux qui se soucient de la liberté d’expression et de la liberté académique. A l’avenir, les administrateurs des universités réfléchiront à deux fois avant de choisir les intérêts des riches donateurs et des anciens étudiants plutôt que de remplir leurs obligations constitutionnelles. Cette victoire juridique n’aurait pas été possible sans le soutien d’une grande action déterminée de la part d’activistes et d’universitaires. »

Pour plus d’informations sur l’affaire visiter le site web du CCR : Salaita v. Kennedy case.