Israël menace de chasser Antony Loewenstein au prétexte d’une question à Lapid à propos de l’apartheid

Le Jerusalem Post signale que le gouvernement israélien envisage de mettre fin à l’accréditation de presse de Antony Loewenstein, le forçant à quitter Jérusalem pour avoir posé une question dérangeante….

Le Jerusalem Post signale que le gouvernement israélien envisage de mettre fin à l’accréditation de presse de Antony Loewenstein, le forçant à quitter Jérusalem pour avoir posé une question dérangeante à un officiel du gouvernement.

Loewenstein, qui habite Jérusalem, auteur du tout récent « Disaster Capitalism » (Le capitalisme du désastre), a obtenu un large soutien de journalistes dans les heures qui ont suivi la divulgation de la nouvelle, en particulier Max Blumenthal et Mairav Zonszein ainsi que d’autres encore, et les a postés sur son compte twitter.

Voici les faits.

Le 12 décembre, Loewenstein était présent lors d’une apparition de Yair Lapid, le dirigeant du parti Yesh-Atid (Il y a un avenir) et ancien ministre des finances à une réunion de l’Association de la Presse Étrangère (Foreign Press Association : FPA) au King David Hôtel de Jérusalem.

Loewenstein lui a demande :

« Vous avez il y a peu défendu l’idée que, depuis Oslo, Israël n’avait rien ou très peu à se reprocher mais la vérité est que 2017 est le 50ème anniversaire de l’occupation et qu’ il y maintenant entre 600 000 et 800 000 colons, tous considérés par le droit international comme illégaux. N’est ce pas une idée illusoire, à laquelle de nombreux hommes politiques israéliens, dont vous-même, continuent de croire, qu’il est possible de parler au monde de démocratie, de liberté et de droits de l’homme en refusant de les accorder à des millions de Palestiniens et ne surviendra-t’il pas un temps où vous et d’autres politiciens seront vus comme l’étaient les politiciens sud-africains de la période de l’apartheid ? »

Lapid a répondu et a posté la vidéo sur sa page facebook.

« Nous vivons à une époque qui transgresse la vérité et les faits. Vous nous en donnez un parfait exemple. Ce sont des présomptions, non des faits. C’est une politique déclarée d’Israël que nous devons aller vers une solution à deux états et ceux qui la refusent sont les Palestiniens. Ceux qui traitent les Juifs de porcs et de singes dans leurs livres scolaires sont les Palestiniens. Et le problème est que les Palestiniens sont encouragés par le Guardian et par d’autres qui affirment que nous n’avons pas besoin de faire quoique ce soit pour construire notre avenir parce que la communauté internationale nous voit comme un état d’apartheid. Israël n’est pas un état d’apartheid. Israël est une démocratie respectant la loi. D’ailleurs à la différence des Palestiniens, Israël s’assure que, de ce point de vue, les droits de l’homme sont respectés. Pourquoi n’allez-vous pas voir l’Autorité Palestinienne ou à Gaza pour les questionner à propos des droits des femmes, des droits des homosexuels et des droits des Chrétiens et pourquoi vous êtes en danger si vous ne suivez pas la charia islamique ? »

Loewenstein a posté un compte-rendu sur son site, « Certains hommes politiques haut placés n’aiment pas les questions à propos de l’occupation et crachent es sottises ». Il a ajouté :

« C’était une réponse déprimante et malhonnête. Qui plus est, à quelques notables exceptions près, la grande majorité des journalistes présents affichaient de la déférence envers Lapid et lui posaient des questions insipides. Lapid est quelqu’un qui évoque fièrement la construction d’un mur autour de tous les Palestiniens. Comme dans tant d’autres pays, la plupart des reporters s’en prennent rarement au pouvoir en place, ils ont peur de perdre leur accréditation…

J’écris à propos d’Israël et de la Palestine depuis 2003, et j’y fais des visites depuis 2005 (Je vis aujourd’hui à Jérusalem) et tout cela a été rendu plus difficile par l’extrémisme et le vitriol des partisans d’Israël. »

Ce jour-là, le Jerusalem Post a couvert la question et sa réponse. « Lapid : Le ‘Guardian’ retarde la solution au conflit du Moyen-Orient »

Puis un site pro-israélien a commencé à faire une large publicité au fait que Loewenstein a soutenu la campagne BDS (Boycott, Désinvestissements et Sanctions) contre Israël et a parlé en ces termes en sa faveur à l’occasion d’un grand rassemblement à Sydney en 2014 : « BDS se développe et je suis fier de faire part d’un mouvement général conduit par les Palestiniens les plus directement concernés ».

Aujourd’hui le Jerusalem Post a poursuivi avec un article indiquant que le gouvernement israélien étudie la possibilité de ne pas renouveler la carte de presse de Loewenstein, le forçant ainsi à quitter le pays au printemps.

« Un journaliste qui affirme être engagé dans une activité de soutien au mouvement BDS ne peut pas rester en Israël a affirmé l’Office de Presse du Gouvernement (Government Press Office : GPO) au Jerusalem Post en exclusivité ce dimanche.

Nitzan Chen, le directeur du GPO a dit qu’il penchait vers le non-renouvellement de la carte de presse d’Antony Loewenstein, un reporter freelance de Jérusalem qui écrit pour The Guardian et d’autres publications. Si la carte n’est pas renouvelée quand elle expirera en mars, le ministre de l’intérieur ne l’autorisera pas à rester en Israël.

‘Nous sommes enclins à recommander que son permis de travail ne soit pas renouvelé en raison de son activité suspectée en relation avec BDS’ a dit Chen. ‘Nous étudions l’incident parce que malheureusement le journaliste n’a pas donné assez d’informations à notre personnel. Nous allons apprendre à mieux contrôler de façon à ce que de tels incidents ne se produisent plus à l’avenir.’ »

Huit paragraphes plus bas, le post indique :

Loewenstein a clairement adressé ce qui a été perçu comme une question perçue comme hostile à Yair Lapid, le dirigeant de Yest Atid à une réunion du FPA lundi dernier.

Dans son post d’aujourd’hui, intitulé « Free Speech in the Jewish State » (Liberté de parole dans l’état juif), Loewenstein a apporté quelques corrections et commentaires :

  • Depuis une décennie, j’ai été un journaliste indépendant et un auteur à succès qui a écrit pour les principaux organes de presse mondiaux, comme le Guardian et le New-York Times, et j’ai travaillé et vécu comme journaliste d’investigation dans certains des plus durs endroits du monde comme l’Afghanistan, le Sud-Soudan et le Honduras. J’habite actuellement à Jérusalem comme journaliste freelance, accrédité – mon accréditation en tant que freelance a été acceptée par le GPO cette année vu que je ne suis formellement associé à aucun groupe de presse – et j’ai publié mon travail cette année dans de nombreuses publications dont le Newsweek Middle-East, le Guardian, The Nation et The National.
  • Les pays réellement libres respectent et encouragent la liberté de parole. Elle est, chez eux, la bienvenue,
  • Les démocraties véritables donnent de la valeur à la diversité des opinions.

Loewenstein est un ami cher, aussi ne pouvons-nous pas prétendre être objectifs, mais cela est navrant, et nous continuerons à vous tenir informés.