Lors de la soirée d’ouverture des universités d’été du QG décolonial (Pantin, du 18 au 20 juillet 2025), Michèle Sibony, porte-parole de l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix), est intervenue dans le cadre de la session « Le choix des ancêtres ». Son discours, intitulé « Héritiers sans testament », a confronté l’auditoire à une réflexion sur la mémoire, l’héritage juif et l’impuissance face au génocide des Palestiniens.
En voici un extrait.
LE "PLUS JAMAIS ÇA" N'A JAMAIS CESSÉ DE SE REPRODUIRE – Michèle Sibony membre de l'UJFP pic.twitter.com/1XPhNflXuZ
— Paroles d'Honneur (@ParolesDHonneur) July 27, 2025
Génocide. Qu’allons-nous faire de toute cette horreur ?
Au lendemain du génocide, qui seront-nous ?
Et quelle mémoire transmettront-nous ?
Nous savons tout, tout n’a-t-il pas été dit, vu, montré ?
Rien ne parvient à empêcher les puissances coalisées de poursuivre l’alimentation de la chaîne génocidaire.
Argent, armes, projets pour l’après génocide.
Et nous sommes là, hébêtés, témoins impuissants à renverser ce réel.
Ne pas savoir quoi dire, ne plus avoir de mots pour parler de ce réel,
c’est ce qui avait été nommé l’indicible après un autre génocide.
Horreur qui nous revient en pleine figure,
nous sommes à la place aujourd’hui de tous ceux qui ont laissé faire ou, du moins, n’ont pu empêcher.
Héritiers que nous sommes nous tous en Europe de la mémoire de la Shoah
et de toutes ces instrumentalisations politiques,
le fameux plus jamais ça n’a jamais cessé de se reproduire
et a conduit à ce génocide assumé par l’Allemagne en tête, d’ailleurs.
Les milliers de morts innocents nous entrons toujours…
Pour nous rappeler que nous avons été impuissants.
Et de quoi a été faite cette impuissance, de renoncements et de compromissions,
ce sera notre héritage commun à tous, quand ferons-nous ?
Comment notre héritage juif, qui comprend la destruction des Juifs d’Europe, nous aide-t-il à agir ?
Beaucoup d’entre nous s’y réfèrent pour refuser le génocide en cours.
Cet héritage ou cette transmission, compris très différemment par les Israéliens,
leur sert à justifier le génocide présent par celui du passé.
C’est une vision du judaïsme nationaliste et axée sur la possession exclusive de la terre,
alors que la pérennité d’un collectif juif en Palestine ne peut passer que par la décolonisation des colons.
Au-delà de tous les morts palestiniens, ce qui se passe est en train de détruire toutes les grandes traditions héritées des luttes passées,
comme la justice, l’égalité, les droits humains, les grands organismes créés après la guerre, pour que plus jamais ça,
nous allons tous nous retrouver dans une crise existentielle semblable à celle de l’après-guerre.
Il va nous falloir inventer des formes nouvelles, tout en cherchant dans nos héritages ce qui pourrait nous aider.
Voir l’intégralité de son intervention ici.
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