RACHEL : Film documentaire écrit et réalisé par Simone BITTON

Anne-Marie Faucon | Cinémas Utopia | 12 Juin 2010 | Projection le jeudi 24 juin à 20h suivie d’une rencontre avec les associations Génération Palestine, Palestine 33 et l’Union Juive….

Anne-Marie Faucon | Cinémas Utopia | 12 Juin 2010 |

Projection le jeudi 24 juin à 20h

suivie d’une rencontre avec les associations
Génération Palestine, Palestine 33
et l’Union Juive Française pour la Paix

Pour cette soirée, achetez vos places à l’avance,
à partir du 18 juin

Le film est ensuite programmé jusqu’à la fin de la gazette.

RACHEL

Film documentaire écrit et réalisé
par Simone BITTON

France/Palestine 2008 1h40 VOSTF (anglais, arabe, hébreu)

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le navire baptisé Rachel Corrie vogue vers Gaza après que l’armée israélienne ait pris d’assaut, au mépris du droit maritime le plus élémentaire, les navires chargés de vivres et de matériaux de construction à destination de la bande de Gaza: 9 morts, des blessés, des militants pacifistes brutalisés….

Le magnifique film de Simone Bitton qui a été très peu diffusé en France lors de sa sortie en octobre dernier (2 salles à Paris, 12 en province…. et qu’on ne vienne pas nous énerver en prétendant que nous « commettons le crime de censure » en ne programmant pas À 5 heures de Paris!) est idéal pour rappeler que la dernière « bavure » en date n’est qu’un nouvel épisode d’une politique délibérée menée depuis belle lurette dans les territoires occupés, malgré la réprobation
timide de l’ONU.

Rachel Corrie était une jeune américaine de 22 ans, une non-violente partie en Palestine en 2003, avec d’autres militants pacifistes, pour s’opposer à la colonisation et à la destruction de maisons palestiniennes par les bulldozers israéliens. « Ce voyage est la meilleure chose que j’ai faite dans ma
vie » écrit Rachel à ses parents, et elle note jour après jour ce qu’elle découvre, ses rencontres, ses états d’âme… Sa fragile personne s’interpose entre les maisons et les monstres rugissants. Mais un jour un bulldozer ne s’est pas arrêté… (nous craignions que la maison en question ne cache l’entrée
d’un tunnel, dit un militaire).

Simone Bitton enquête sur les circonstances de la mort de Rachel, interroge sa vie, donne à comprendre les raisons de son engagement à travers ses écrits, sa famille, ses amis, les témoins du drame, interpelle les militaires israéliens, y compris la propagandiste en chef de Tsahal, ponctue le tout de documents exceptionnels, menant son film comme une instruction, recueille avis et témoignages… Et ce faisant elle réalise un formidable moment de cinéma, émouvant mais jamais complaisant: le cas particulier de cette jeune fille blonde prend très vite une dimension universelle, percute notre actualité, aide à comprendre les motivations de ceux qui étaient sur les bateaux
arraisonnés, vient nourrir notre réflexion à propos d’un conflit qui empoisonne le monde, saisi dans toutes ses conséquences et ses résonances humaines. Plus généralement il est question de ceux qui s’engagent dans des luttes qui pourraient sembler perdues d’avance: « On peut lutter sans espoir… parce que la résistance c’est la vie et que la vie est dans la révolte » dit un jeune militant…
Manoukian aurait pu dire la même chose.

Rachel Corrie est morte le 16 mars 2003 (le jour où nous inaugurions Utopia à Tournefeuille) et il fallait un certain courage à Simone Bitton alors que certains n’hésitent pas à brandir l’épouvantail de « l’antisémistisme » à tout propos pour culpabiliser et faire taire qui émet un doute sur le bien fondé de la politique d’Israël et l’insulte de « traitre et de juif honteux» envers tout Juif qui refuse d’être
complice d’une oppression menée en son nom.

« Rachel a montré aux Palestiniens un autre visage de l’Amérique que celui qu’ils subissent et ont tant de raisons de haïr » dit Simone Bitton. On pourrait ajouter que le meilleur antidote contre l’antisémitisme, si souvent brandi dans nos régions, est dans la prise de conscience que tous les Juifs du monde ne sont pas complices des options d’un État malade de peur et de haine. Simone Bitton a la double nationalité israélienne et française, elle est née au Maroc, a immigré en
Israël avec ses parents où elle a servi dans l’armée, elle en est sortie pacifiste, a fait l’HIDEC à Paris et n’a cessé depuis de réaliser des films magnifiques (on trouve les DVD de son très beau Mur et de Rachel: www.filmsduparadoxe.com)

Anne-Marie Faucon est coresponsable des cinémas Utopia