Une quarantaine d’étudiants de Sciences Po Strasbourg ont bloqué leur établissement ce jeudi 2 octobre en soutien à la flottille pour Gaza interceptée par l’armée israélienne. La direction les menace de sanctions disciplinaires.

Des drapeaux palestiniens sont accrochés aux poubelles et aux grilles qui bloquent l’entrée de Sciences Po Strasbourg, depuis 6h du matin, ce jeudi 2 octobre. La quarantaine d’étudiants présents se mobilise en soutien à la flottille Global Sumud pour Gaza, dont une partie a été interceptée dans la nuit du 1er au 2 octobre par la marine israélienne. Partis d’Espagne en septembre, les bateaux de la flottille tentaient d’apporter de l’aide humanitaire à Gaza.
Contre la venue d’Éric Danon
Au printemps 2024, les étudiants s’étaient déjà largement mobilisés pour la suppression du partenariat entre leur établissement et l’Université Reichman en Israël, finalement maintenu.
Une reconduction dénoncée par le comité Palestine, qui déplore également l’invitation d’Éric Danon, ancien ambassadeur de France en Israël. Le diplomate est convié pour une conférence jeudi 9 octobre dans le cadre d’un Forum pour la paix organisé par l’établissement. « Eric Danon réfute publiquement le génocide qui a lieu à Gaza et n’a pas soutenu la reconnaissance d’un État palestinien. C’est censé être une conférence pour la paix et lui, il fait tache sur la programmation », dénonce Louise, étudiante en deuxième année.
Le 22 septembre 2025, Éric Danon, invité sur France 24, a estimé que la reconnaissance de l’État palestinien ne venait « pas au bon moment ». Et en juin 2025, lors d’un dîner du Diaspora Défense Force, un collectif soutenant « la cause d’Israël et des Juifs en diaspora », Eric Danon annonçait : « 50 000 ou 60 000 morts à Gaza, si c’est la destruction du Hamas en face, je peux assumer publiquement. C’est immoral mais c’est éthique s’il y a un résultat. » Très peu repris par la presse, ce discours a pourtant beaucoup circulé sur les réseaux sociaux.
Dialogue compliqué avec la direction
Téléphone à la main, Martin, étudiant en deuxième année de master, réagit au mail qu’il a reçu de la direction à 9h30, en réaction au blocage :
« Ils nous rappellent la soi-disant illégalité de notre action puisqu’on entrave la liberté d’enseigner. Ils utilisent les mots ‘prise d’otage de l’établissement’. Ce parallèle nous dérange ; il est malvenu. Ce terme fait écho au conflit à Gaza, c’est disproportionné de l’utiliser pour désigner notre action. Encore une fois, on nous présente comme des gens extrémistes qui soutiennent le Hamas. »
Dans ce mail, la direction menace les étudiants mobilisés de « sanctions disciplinaires ». Élu en juin 2025, le nouveau directeur Emmanuel Droit s’inscrit, selon les étudiants interrogés, dans la continuité de son prédécesseur. « Il prône la politique du dialogue et de l’écoute, mais il esquive nos questions et il nous menace de sanctions. Je n’appelle pas ça du dialogue », regrette Louise.
Le comité Palestine appelle au rassemblement d’un comité d’accueil pour Éric Danon, jeudi 9 octobre à 15h devant le Cardo, le bâtiment principal de Sciences Po Strasbourg.
- Photo : Le bâtiment Cardo de Sciences Po Strasbourg bloqué jeudi 2 octobre, une quarantaine d’étudiants viennent soutenir le mouvement.Photo : Line Baudriller / Rue89 Strasbourg