En hommage à Rose Katz, scientifique, syndicaliste et militante (1948-2022)

Nous venons d’apprendre le décès de Rose Katz, directrice de recherche émérite à l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), le 18 Janvier 2022. Rose a….

Nous venons d’apprendre le décès de Rose Katz, directrice de recherche émérite à l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), le 18 Janvier 2022. Rose a été de longues années responsable de la coopération entre l’université Paris 6 (devenue université Pierre et Marie Curie et maintenant Sorbonne Université) avec les facultés de médecine palestiniennes. Dans son livre Le romarin, le seringa et la blanche aubépine (Editions Mélibée, 2013), Gilbert Béreziat, ancien président de l’université, raconte les origines des programmes de coopération mis en place à partir de 2003 : «  Rose Katz, chercheur à la Pitié-Sapêtrière et militante syndicale, fille d’un résistant communiste, [assura le suivi du] programme », explique-t-il. « Elle sut résoudre les difficultés qui ne manquèrent pas. Les premiers diplômes de doctorat furent délivrés en 2009 ». Le programme a perduré, tant au niveau des masters que des doctorats, et Rose fit encore partie, en novembre 2016, d’une délégation à l’université nationale an-Najah, à Naplouse. Une des bénéficiaires du programme, Azza Ziyadeh (maintenant Azza Isleem, assistant professor à la l’université An-Najah et spécialiste de physiologie cardiovasculaire), remerciait Rose Katz, présidente de son jury de thèse à l’université Pierre et Marie Curie en 2014, pour sa «  patience et sa disponibilité pour résoudre les problèmes dans des moments difficiles ». Elle ajoutait : « Vous êtes inoubliable ! ». Pour nous aussi, Rose est inoubliable.

Nous reproduisons ci-dessous l’hommage que lui rend le Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS) dont elle a été secrétaire générale, et où l’on trouvera des détails sur ses recherches et son profond investissement au service de la collectivité.

Catherine Goldstein pour l’AURDIP

En hommage à Rose Katz (1948-2022)

Au nom du SNCS-FSU, j’ai l’immense tristesse de vous annoncer le décès de notre camarade Rose Katz survenu mardi 18 Janvier 2022 , le jour même de son 74e  anniversaire.

Rose était une magnifique personne, à la fois scientifique médecin et syndicaliste, passionnée, passionnante, très investie dans la recherche en neurosciences à l’INSERM et à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris et dans la défense de la recherche.

Dès le début de sa carrière, Rose faisait partie des chercheurs qui se sont battus pour l’intégration des hors statuts, la reconnaissance du métier de chercheur, la titularisation des chercheurs comme fonctionnaires de l’État et plus récemment elle avait activement participé aux États généraux de la recherche. Inlassablement, elle dénonçait la faiblesse du budget pour la recherche publique et revendiquait l’emploi scientifique comme véritable investissement d’avenir.

Rose avait obtenu son doctorat en Médecine, à 1974 et son doctorat d’État ès sciences naturelles en 1984. Alors qu’elle avait la possibilité de rentrer dans une carrière hospitalo-universitaire, elle a choisi une carrière de chercheuse. Ainsi, elle a intégré l’Inserm en 1982 en tant que chargée de recherche puis directrice de recherche en 1987 tout en assurant des vacations dans le service de Rééducation de l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière.

Elle a été directrice de l’UPRES EA2393 (Paris 6) de 2000 à 2003, de l’E349 (INSERM) en 2004, puis de l’U731(INSERM/Paris 6) jusque fin 2008 et de l’Er 6 UPMC jusque 2013. Elle a terminé sa carrière en tant que directrice de recherche émérite au sein de l’équipe « Connectivité Neurale et Plasticité » dans le laboratoire d’Imagerie biomédicale de Sorbonne Université.

Rose a fait toute sa carrière à Sorbonne Université, qu’elle appelait encore « Paris 6 » ou « Pierre et Marie Curie » et a exercé son activité de médecin à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Elle s’intéressait à l’organisation motrice chez l’Homme, en particulier la contribution respective des différentes structures impliquées dans le contrôle moteur et leur mise en jeu physiologique, lors de la marche ou de la préhension. Si elle se considérait avant tout comme une physiologiste, ses études cliniques portaient sur l’étude des mécanismes qui sous-tendent les anomalies des fonctions motrices (tonus, posture, geste volontaire). Mêlant toujours la science et la politique elle aimait à nous raconter l’étude qu’elle avait fait d’une vidéo montrant une chute physique de Castro …

Car en parallèle de ses activités de recherche remarquables et de son activité clinique, Rose était une militante active de toujours du SNCS-FSU, dont elle a été secrétaire générale en 1990-1991. Elle était membre de notre Commission Administrative, du Bureau National et un pilier incontestable du Bureau Inserm.

Au nom du syndicat, elle a été élue dans de nombreuses commissions, à l’Inserm et dans plusieurs universités. Elle a présidé le conseil scientifique de l’Inserm de 1995 à 1998. Tout au long de sa carrière elle a œuvré pour défendre notre institut et nos conditions de travail.

Elle se tenait tous les ans, à l’entrée de la réunion des directeurs et directrices des laboratoires de l’Inserm pour diffuser les tracts que nous rédigions. Elle défendait une recherche libre, de meilleurs budgets pour les laboratoires, des postes de fonctionnaires pour tous les personnels de la recherche et luttait contre la précarité.

Elle était de toutes les manifs, les descendant et les remontant de sa démarche si particulière pour être sûre de voir « tous les copains ».

Elle défendait de grandes causes et en particulier elle participait très activement à l’accueil d’étudiants médecins palestiniens, pour leur permettre de compléter leur formation par un troisième cycle dans des laboratoires français afin de construire leur avenir et l’avenir de la Palestine.

En miroir de sa pugnacité et de sa combativité, elle avait un immense respect pour l’opinion de chacun et chacune qu’elle savait écouter, vraiment écouter pour comprendre. Mémoire vivante des luttes syndicales du 20ème siècle, Rose éclairait nos débats d’une perspective historique. Attentive à toutes et à tous, elle bâtissait un monde meilleur.

Depuis quelques années, elle souhaitait vraiment que les jeunes générations prennent la relève à l’hôpital, au laboratoire comme au syndicat, et elle mettait tout en œuvre pour cela. Elle se mettait très en retrait, nous laissant toute la place, mais elle était toujours présente pour nous rassurer et nous encourager à poursuivre les combats.

Alors qu’elle était une scientifique hors pair, alors qu’elle avait assuré des responsabilités lourdes et importantes sur le plan national au sein de l’Inserm et dans le syndicat, elle nous laissait penser que nous étions son égal, elle restait avant tout une camarade de lutte.

Je voudrais vous partager cette jolie vidéo de Rose tournée en 2015, on y retrouve son sourire, ses yeux pétillants, sa gestuelle mais surtout ses convictions pour l’Inserm et la recherche en générale.

Maude Le Gall, directrice de recherche à l’INSERM et secrétaire générale adjointe du SNCS-FSU