Édimbourg : une motion pour aligner l’EUSA sur le mouvement BDS votée par le Conseil étudiant

Une motion visant à aligner l’Association des étudiants de l’université d’Édimbourg (EUSA) sur le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) a été votée hier au Conseil étudiant, annonce l’EUSA,….

Une motion visant à aligner l’Association des étudiants de l’université d’Édimbourg (EUSA) sur le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) a été votée hier au Conseil étudiant, annonce l’EUSA, elle donne mandat à l’Association pour rompre ses liens avec toute une gamme de marchandises, entreprises et institutions israéliennes afin de protester contre l’occupation de la Palestine.

La motion, votée par les participants du corps étudiant par 249 voix pour, 153 contre et 22 abstentions, requiert de l’EUSA qu’elle adopte les principales dispositions du BDS et, plus largement, qu’elle s’allie à la campagne internationale. Elle mandate l’Association des étudiants pour exclure de ses installations tous les produits fabriqués par des entreprises ayant des activités dans les territoires occupés, et « cibler les produits, entreprises et institutions » qu’elle dit impliquées dans la violation des droits des Palestiniens.

Elle exige aussi que l’EUSA apporte un soutien public aux autres branches de la campagne, telles que le boycott académique contre les institutions d’enseignement supérieur israéliennes, et qu’elle mette une déclaration publique sur son site qui annonce ce soutien. L’EUSA est en outre chargée de faire pression sur l’université d’Édimbourg elle-même pour que celle-ci s’engage dans la campagne.

Le BDS est une campagne internationale, controversée, qui réclame des méthodes d’une résistance non violente pour agir contre l’économie de l’État israélien, dans le but de promouvoir un accord de paix durable entre les deux nations, Israël et la Palestine.

Proposée par le Groupe pour la libération des Noirs et des minorités ethniques (BME) et celui des Étudiants pour la justice en Palestine (SJP), section d’Édimbourg, la motion a suscité des réflexions animées des deux côtés, et elle a été farouchement contestée par des membres de la Société juive de l’université d’Édimbourg. Les SJP ont mobilisé une grande force pour la participation à la réunion du Conseil, et la Société juive et l’Aumônerie juive y ont amené leurs propres électeurs, ce qui fait que le taux de participation au Conseil a été le plus élevé de toute l’année.

Ses partisans affirment que la motion est un moyen pacifique pour cibler les institutions qui se rendent complices des violations des droits humains en Cisjordanie. Pour ses opposants, le vote de la motion va aliéner les étudiants venant d’Israël et conduire à l’antisémitisme sur le campus.

Différentes interventions avant le vote final jeudi ont capté les passions qui habitaient tant ceux qui étaient pour que ceux qui étaient contre.

Plaidant en faveur de la motion, le président des Étudiants pour la justice en Palestine/Édimbourg a déclaré que les étudiants avaient un impératif moral de soutenir les droits des Palestiniens, et que la motion y répondait.

« Il est essentiel que nous, citoyens de l’Occident, nous fassions ce que nous pouvons pour aider les Palestiniens », a-t-il dit à l’assistance. Il a soutenu que la motion se concentrait sur la fin de l’occupation, le rétablissement des droits humains et l’assurance du droit au retour pour les Palestiniens chassés lors de la création de l’État israélien.

L’animateur de la réunion, un étudiant palestinien qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité et pouvoir rentrer dans son pays, a évoqué ses expériences personnelles afin de souligner l’importance de la motion.

« Ma patrie, la Palestine, est remplie de colonies illégales », a-t-il déclaré à l’assistance, ajoutant que sa famille et ses relations dans son village sont contraintes à des conditions de travail inhumaines, du fait de l’intrusion israélienne. « Justifier ces actes, c’est justifier les actes de tous les autres régimes d’oppression au cours de l’histoire ».

Mais pour les opposants à la motion, son vote devrait affecter négativement les étudiants juifs et les étudiants d’Israël. Dans une intervention contre la motion, Brianna Sommer, présidente de la Société juive d’Édimbourg, a affirmé que les effets de la motion allaient créer des divisions profondes sur le campus.

« Je suis contre le boycott, et la marginalisation, l’aliénation, et l’hostilité permanentes qui découlent de cette motion » dit Sommer. « Je ne vais pas laisser les étudiants que je représente souffrir, sur le campus, de ces divisions profondes qui se sont présentées ailleurs ».

Sommer s’est exprimée avec passion en évoquant un climat difficile auquel sont déjà confrontés sur le campus les étudiants juifs, et elle a affirmé que la motion allait l’exacerber.

« Il est indéniable qu’il y a eu une montée de l’antisémitisme sur les campus britanniques » dit-elle. « Même si ceux qui ont proposé cette motion ont les meilleures intentions, le BDS crée une atmosphère qui peut favoriser l’antisémitisme, parce que, comme je l’ai dit, ce sont toujours les étudiants juifs qui sont laissés face au retour de bâton ».

Avec son vote au Conseil étudiant, la motion entre dans un processus complexe où certaines parties seront immédiatement mises en œuvre, telles que la déclaration publique de l’EUSA, et d’autres seront soumises à l’approbation à la réunion finale des administrateurs le 25 mai, a déclaré une source de l’EUSA à The Student.