Défendre la liberté académique à l’Université d’État de San Francisco

Chers président Wong et membres du conseil d’administration de l’Université d’État de Californie : Nous soussignés voulons exprimer notre opposition à la diffamation, à l’intimidation, et aux agressions continuelles contre….

Chers président Wong et membres du conseil d’administration de l’Université d’État de Californie :

Nous soussignés voulons exprimer notre opposition à la diffamation, à l’intimidation, et aux agressions continuelles contre la liberté académique du corps enseignant de l’Université d’État de San Francisco (SFSU) par l’organisation sioniste de droite, The Lawfare Project (Le projet de guerre juridique). Et cela n’est que le dernier épisode d’une série d’attaques venant de plusieurs groupes sionistes contre la professeure Abdulhadi et contre le Programme d’études des diasporas arabo-musulmanes et des ethnicités (AMED) à l’Université d’État de San Francisco [[Vous pouvez trouver ici un bref résumé de la série d’intimidations et de harcèlement de la campagne de diffamation de l’Initiative Amcha en 2016 aux affiches du Centre de la Liberté Horowitz qui sont apparues sur le campus en octobre 2016 et en mai 2017.]]. Nous sommes préoccupés par l’absence d’une déclaration publique claire du président Wong pour exprimer une défense de principe de la professeure Rabab Abdulhadi qui a été à plusieurs reprises et injustement prise pour cible par de telles agressions, tout comme l’ont été la faculté des études techniques et Dean Kenneth Monteiro.

Le Lawfare Project a déposé plainte contre la SFSU devant un tribunal fédéral le 19 juin 2017. La plainte judiciaire confond la critique d’Israël et de son déni des droits des Palestiniens avec l’antisémitisme, et sur cette base, elle accuse la SFSU de violer les droits constitutionnels et civils des étudiants juifs et des membres de la communauté juive. L’intention avec ce procès est claire : imposer le silence aux chercheurs et aux défenseurs des droits des Palestiniens, et veiller à ce qu’ils soient punis.

Le Lawfare Project se décrit comme « l’arme juridique de la communauté pro-Israël ». Sa directrice, Brooke Goldstein, est apparue plusieurs fois sur Fox News et d’autres médias, et elle y a fait des déclarations islamophobes formelles, par exemple en discréditant le mot « islamophobie » comme un « terme fabriqué propagé par les Frères musulmans ». Elle a écarté d’emblée les préoccupations concernant le discours de haine qui monte contre les musulmans comme un « phénomène dangereux » [[Voici un exemple.]]. Elle a nié l’existence même des Palestiniens, déclarant « pourquoi utilisons-nous le mot Palestinien ? Il n’existe rien qui soit palestinien ». Poursuivant son programme, le Lawfare Project s’en est pris également à des organisations de défense des droits de l’homme et au Centre pour les droits constitutionnels.

Le Lawfare Project se réfère à la protestation, en avril 2016, des étudiants de la SFSU lors d’un évènement organisé par SF Hillel qui mettait en vedette le maire de Jérusalem Nir Barkat. L’impulsion de la protestation étudiante venait du passé de Barkat, avec ses démolitions de maisons et son racisme contre les Palestiniens. Quand les étudiants ont protesté contre son discours, SF Hillel a diffusé de fausses allégations d’antisémitisme et de menaces physiques, inexistantes, envers les étudiants juifs. Alors la SFSU a mené sa propre enquête et elle a établi que ces allégations étaient non fondées.

Cette enquête indépendante commandée par le président Wong et conduite par la firme juridique Van Dermyden Maddux sur l’ « évènement d’avril » a conclu que :

« La protestation était dirigée contre le maire de Jérusalem et fondée sur sa politique, et non contre une ou des personnes du public en se fondant sur des traits de personnalité protégés de ce public. Le dossier penche en faveur de la conclusion que l’attention, les propos et la conduite des manifestants ciblaient le maire. Cette conclusion est renforcée par le fait que les manifestants ont quitté l’évènement une fois que le maire a quitté la salle ». Et d’ajouter que « Si certains dans l’assistance ont été profondément blessés, voire apeurés, par la protestation, dans ces circonstances précises, il n’y a eu aucune menaces directes de violence imminente qui aurait justifié une intervention de la police, en particulier une arrestation ou un retrait de la zone ».

Le rapport de la SFSU estime que s’il y a bien eu perturbation du discours du maire, la manifestation n’a posé aucun risque à la sécurité et qu’elle s’est concentrée sur le maire en raison de sa politique raciste, et non sur les étudiants présents en raison de leur identité juive.

Le procès accuse à tort la professeure Abdulhadi d’antisémitisme et d’avoir des liens avec des organisations terroristes ; la faculté des Études ethniques (COES) tout entière est ciblée dans des déclarations multiples tout au long du procès ; et la SFSU est dépeinte comme « le campus le plus antisémite du pays ». En outre, le procès calomnie la grève historique de 1968, qui a conduit à la création de la COES, affirmant qu’elle a été le début d’une culture antisémite à la SFSU. Ces accusations scandaleuses et injurieuses exigent une réponse claire, forte, et immédiate, démontrant le bien-fondé de la réputation académique du corps enseignant de la SFSU et rejetant le racisme implicite qu’elles portent en elles.

Cependant, au lieu de communiquer les résultats de la propre enquête de la SFSU et de rassurer la communauté du campus et le public en général,à savoir que les allégations avancées dans le procès sont fausses, la déclaration du président Wong, à tort, concède que la perturbation de l’évènement du maire Barkat était un « laid rappel » que « l’antisémitisme… est réel et que notre communauté a du travail à faire ». Pour être totalement clair, il n’y avait rien d’antisémite dans la protestation qui ciblait exclusivement certaines politiques promues et mises en œuvre par le maire Barkat.

L’assimilation de la critique d’Israël à de l’antisémitisme est devenu une tactique classique pour les organisations sionistes qui cherchent à censurer la critique de l’État israélien [[Une ressource utile sur les dangers et le manque de base légale pour la conflation de l’antisémitisme avec les critiques d’Israël peuvent être trouvées ici.]]. C’est cette tactique qui est antisémite, parce qu’elle associe la judaïté à une liste interminable de politiques racistes et de crimes contre l’humanité, bien documentés perpétrés, par l’État d’Israël, et elle fait fi de ces nombreux juifs qui s’opposent activement à ces crimes. Loin de l’objectif noble de lutter contre le véritable antisémitisme, ce procès sert les buts de propagande du gouvernement d’Israël, au détriment de la liberté académique et des droits protégés constitutionnellement des habitants de la Californie.

Les universités publiques ont une responsabilité particulière dans la protection de la liberté académique et de la liberté d’expression. La liberté académique permet aux professeurs de conduire et de diffuser une recherche scientifique, de concevoir des cours et d’enseigner à des étudiants dans les domaines de leur compétence, et de bénéficier des protections du Premier Amendement pour s’exprimer, en tant qu’universitaire, à l’attention de tous. Ce sont des activités essentielles pour toute institution qui se dit université.

Nous vous demandons instamment, président Wong, de faire respecter et de défendre la liberté académique de la professeure Rabab Abdulhadi, et de tous les membres du corps enseignant de l’Université d’État de San Francisco, et de prendre publiquement position contre les accusations fausses portées par des organisations qui ont des programmes racistes. Nous vous demandons :

  1. de refuser un règlement de ce litige en admettant une quelconque agression diffamatoire contre le corps enseignant et les étudiants de l’Université d’État de San Francisco, et de conduire une défense juridique énergique et de principe contre cette plainte ;
  2. de défendre publiquement et sans ambiguïté la liberté académique et la réputation intellectuelle de notre collègue, la professeure Abdulhadi, en faisant une déclaration publique qui retire son nom des attaques diffamatoires malveillantes et totalement infondées contre elle, et en faisant ainsi afin de protéger l’intégrité intellectuelle de la SFSU ;
  3. d’exprimer publiquement, clairement, et sans ambiguïté, votre soutien moral et financier au programme des études de l’AMED et à la faculté des Études ethniques à la SFSU, et de défendre leur rôle fondamental dans la mission éducative de la SFSU.

Nous attendons une réponse urgente pour soutenir notre collègue.

Le corps enseignant et les alliés de la communauté dans la défense de la liberté académique, des études ethniques et contre l’islamophobie.

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