Israël a envoyé un obus de char qui a tué 20 civils dans une école de l’ONU, parti des USA sans l’approbation d’Obama – La bombe du Wall Street Journal

Quand Walt et Mearsheimer ont publié leur livre sur le lobby israélien en 2007, j’ai pensé, ils n’ont fait qu’effleurer la question, pour moitié on n’en connaît rien de ce….

Quand Walt et Mearsheimer ont publié leur livre sur le lobby israélien en 2007, j’ai pensé, ils n’ont fait qu’effleurer la question, pour moitié on n’en connaît rien de ce lobby. Eh bien, c’est parti, les amis. Le Wall Street Journal vient de publier, aujourd’hui, que même si Barack Obama et le secrétaire d’État John Kerry voulaient freiner Israël dans son massacre de Gaza, Israël comptait sur ses « alliés » au « Congrès, et ailleurs dans l’Administration, » pour puiser dans le stock d’armes américain pour réalimenter ses canons, et ce, sans l’approbation d’Obama.

Et ces obus de char d’assaut ont été utilisés contre une école des Nations-Unies le 30 juillet, tuant 20 civils palestiniens. Les États-Unis sont associés à ce crime de guerre, déclare un Palestinien dans l’article du WSJ.

C’est un article choquant, sur l’autonomie d’Israël au sein du gouvernement des États-Unis, au mépris même du Président.

Adam Entous, dans le Wall Street Journal, rapporte que l’Administration Obama a réagi avec une colère contenue à cette ingérence. Ses trois premiers paragraphes :

« Les responsables du Département d’État et de la Maison-Blanche qui conduisaient les tentatives américaines afin de contenir la campagne militaire d’Israël dans la bande de Gaza ont été pris au dépourvu le mois dernier quand ils ont appris que l’armée israélienne avait discrètement reçu de la part du Pentagone la garantie d’être fournie en munitions, et sans leur approbation.

« Depuis lors, l’Administration Obama a renforcé son contrôle sur les transferts d’armes vers Israël. Mais pour des dirigeants israéliens et américains, ces habiles manigances bureaucratiques montrent clairement combien est faible l’influence de la Maison-Blanche et du Département d’État sur le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu – et que les deux parties le savent…

« En plus, selon des dirigeants américains actuels et anciens, les liens US-Israël ont souffert de fuites qui, pensent-ils, visaient à saper la position de l’Administration en la dénaturant et en retardant un cessez-le-feu. Les combats ont amené les relations US-Israël à leur point le plus bas depuis que le Président Barack Obama a pris ses fonctions… »

L’Administration Obama rendra-t-elle publique cette opinion qu’Israël est « inconscient et indigne de confiance » ? On ne peut que l’espérer.

« Aujourd’hui, de nombreux hauts responsables de l’Administration affirment que le conflit de Gaza – le troisième entre Israël et le Hamas en six ans – les a convaincus que Mr Netanyahu et son équipe pour la sécurité nationale sont à la fois inconscients et indignes de confiance.

« Les dirigeants israéliens, de leur côté, décrivent l’Administration Obama comme faible et naïve, et ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour contourner la Maison-Blanche, préférant leurs alliés au Congrès et ailleurs dans l’Administration.

Des alliés « ailleurs dans l’administration » ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Des taupes du lobby ? L’article fait explicitement référence à la puissance du lobby pro-Israël :

« Des dirigeants américains disent qu’ils se croyaient capables d’exercer au moins une certaine influence sur Mr Netanyahu durant le conflit de Gaza. Mais ils reconnaissent que leur influence s’est réduite, il s’est servi de son emprise sur Washington, allant du Pentagone et du Congrès aux groupes du lobby, pour désamorcer la pression diplomatique des États-Unis sur son gouvernement au cours du mois passé. »

Ainsi, c’est le monde à l’envers. Maintenant, voyons jusqu’à quel point.

Voici les détails pratiques de ce transfert d’armes. Alors même qu’Israël était en train de négocier avec la Maison-Blanche et le Congrès sur la façon d’obtenir des pièces de rechange et des fournitures pour le Dôme de fer, sa défense anti-roquettes.

« À l’insu de nombreux décideurs politiques, Israël a emprunté des chemins séparés pour se réapprovisionner en munitions mortelles à utiliser dans Gaza et pour accélérer l’approbation par le Capitole (le Congrès) des financements pour le Dôme de fer.

« Le 20 juillet, le ministre israélien de la Défense a fait une demande à l’armée des États-Unis pour une gamme de munitions incluant des obus de mortier de 120 mm et des obus traçants de 40 mm, lesquels sont déjà en stock dans des réserves d’armes préalablement constituées en Israël.

« La demande a été approuvée par les voies militaires trois jours plus tard, mais pas rendue publique. Selon les conditions de l’accord, les Israéliens ont utilisé les financements américains pour payer les trois millions de dollars d’obus de chars d’assaut. Aucune approbation présidentielle ni aucun visa du secrétaire d’État n’étaient requis et n’ont été sollicités, selon les responsables.

« L’instant décisif est tombé en début de matinée le 30 juillet, à Gaza. Un obus israélien a frappé une école des Nations-Unies, à Jabalya, qui abritait 3000 personnes. Plus tard, ce jour-là, il a été rapporté aux États-Unis que les obus de 120 et 40 mm avaient été fournis à l’armée israélienne. « Nous avons été pris de cours » a dit un diplomate américain. »

Le Wall Street Journal écrit ce que nous savons tous, mais que les groupes libéraux pro-Israël comme La Paix Maintenant et J Street sont incapables de dire, que les attaques israéliennes sur les installations civiles étaient aveugles.

« Les responsables de la Maison-Blanche et du Département d’État étaient déjà de plus en plus perturbés par ce qu’ils voyaient comme des tactiques de combat maladroites qui, selon eux, risquaient de provoquer une catastrophe humanitaire capable de déstabiliser la région et de nuire aux intérêts d’Israël.

« Ils craignaient particulièrement qu’Israël ne se serve de l’artillerie, au lieu de munitions à guidage de précision, dans les secteurs densément peuplés. De réaliser que des transferts de munitions avaient été faits à leur insu a été pour eux un choc… »

Voici le point de vue palestinien :

« Les Palestiniens, en particulier, étaient en colère, selon des diplomates américains. « Les États-Unis sont associés à ce crime », a déclaré Jibril Rajoub, un responsable du parti Fatah du Président Mahmoud Abbas, et soutenu par l’Occident, à propos de la décision de fournir des armes à Israël pendant le conflit. »

Et c’est une crise pour le lobby pro-Israël. À votre avis ? :

« La dernière goutte qui a fait déborder le vase pour bien des diplomates américains est tombée le 2 août, quand il a été dit que les dirigeants israéliens avaient divulgué à la presse que Mr Netanyahu avait déclaré à l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Dan Shapiro, « l’Administration Obama n’a pas à me dicter ce que j’ai à faire » quant à la façon de traiter avec le Hamas.

« La Maison-Blanche et le Département d’État ont cherché à reprendre un plus grand contrôle sur la politique des États-Unis avec Israël. Ils ont décidé qu’il fallait obtenir l’approbation de la Maison-Blanche et du Département d’État pour les demandes, même courantes, de munitions par Israël, affirment les officiels. »

Alors, est-ce que ces relations spéciales arrivent à leur terme ? Que fera l’Administration Obama pour qu’il en soit ainsi, et pour informer l’opinion américaine sur l’influence d’une faction passionnée sur l’élaboration de la politique des États-Unis?