2013 une année charnière pour l’AURDIP

Ivar Ekeland | Lettre de l’AURDIP | 3 janvier 2014 | Chers amis, chers adhérents. 

En ces premiers jours de janvier, l’AURDIP vous présente ses voeux pour 
2014. Les adhérents….

Ivar Ekeland | Lettre de l’AURDIP | 3 janvier 2014 |

Chers amis, chers adhérents. 

En ces premiers jours de janvier, l’AURDIP vous présente ses voeux pour 
2014. Les adhérents recevront parallèlement la convocation à l’assemblée 
générale annuelle (*), mais je voudrais profiter de l’occasion pour faire 
part à tous de quelques réflexions sur 2013, qui me semble avoir été 
pour l’AURDIP une année charnière. 



Depuis sa création l’AURDIP s’est efforcée d’être présente sur le 
terrain universitaire, estimant que c’était là son milieu naturel, et 
que les étudiants et les enseignants, plus que d’autres, étaient 
préparés à débattre de la situation en Palestine à la lumière des grands 
principes du droit des gens. Notre association s’est heurtée à une 
censure préalable d’autant plus dure qu’elle ne voulait pas dire son 
nom, invoquant de possibles troubles à l’ordre public pour interdire 
tout débat sur la politique israélienne, et par là même les invitant ! 
Chacun se souvient de la directrice de l’École Normale Supérieure, 
allant jusqu’au Conseil d’État pour empêcher ses propres élèves de faire 
venir rue d’Ulm Stéphane Hessel, et du président de Paris-8, préférant 
fermer l’université à tenir une promesse, assortie d’une 
subvention, qu’il avait faite aux étudiants avec l’aval de son Conseil 
d’Administration. Dans chaque cas, on a vu la main du ministère, faisant 
ainsi la démonstration que les plus hautes autorités de l’État faisaient 
peu de cas de la liberté d’expression. L’AURDIP considère que ce genre 
de politique, sacrifiant les grands principes démocratiques pour 
favoriser des intérêts immédiats, est indigne d’un pays comme la France. 



Nous constatons d’ailleurs que c’est une exception française. La France 
est le seul pays où l’on ne puisse critiquer la politique israélienne 
dans les universités, et c’est aussi le seul pays où le gouvernement 
cherche à criminaliser le boycott des produits israéliens. Alors que 
l’année 2013 a vu la mort de Nelson Mandela, il est bon de rappeler que 
le boycott économique de l’Afrique du Sud a été un des facteurs 
importants de lutte contre l’apartheid, de même que le boycott des bus à 
Montgomery par la population noire a été la première victoire de Martin 
Luther King. Jamais personne en France ne s’était avisé à l’époque que 
boycotter l’Afrique du Sud fût illégal, mais le gouvernement français, 
amalgamant deux textes de deux lois distinctes, votés à des époques et 
dans des circonstances bien différentes, a donné aux procureurs des 
instructions leur demandant de poursuivre les actes de boycott de 
produits israéliens : c’est la trop célèbre circulaire Alliot-Marie, 
encore en vigueur malgré les interventions de nombreuses organisations, 
dont l’AURDIP. À l’heure actuelle, les procédures engagées ont aboutit 
devant deux cours d’appel différentes, Paris et Colmar, qui ont donné deux conclusions différentes, l’une favorable aux militants et l’autre défavorable, si bien que le bon citoyen ne sait plus à quel saint se vouer ! L’AURDIP, qui est intervenue auprès de la Garde des Sceaux pour l’abrogation de la circulaire, voit là l’exemple typique où le désir du politique de tourner la loi à son profit crée finalement bien plus de désordre que les citoyens qu’il prétend réprimer. 



Le combat de l’AURDIP s’est donc porté sur le terrain juridique, où nous 
cherchons, en liaison avec d’autres organisations comme l’AFPS, à 
défendre la liberté d’expression. Cette décision a été confortée par un 
événement important de 2013 : les directives émises par la Commission 
Européenne concernant la coopération scientifique avec Israël. Celles-ci 
stipulent qu’en aucun cas les fonds européens ne doivent servir à 
financer des activités dans des colonies (et notamment, pas d’activité à 
Jérusalem-Est). Je rappelle que l’AURDIP avait accompagné une délégation 
du BRICUP auprès de la Commission Européenne en 2011, où nous avions 
présenté un dossier sur quelques compagnies israéliennes qui opéraient 
dans les territoires occupés, et qui bénéficiaient des largesses de la 
Commission, et que nous avions obtenu du commissaire compétent une 
réponse qui assurait que de nouvelles dispositions étaient à l’étude. 
Toujours est-il que, sitôt parues, les directives européennes soulevaient un tollé de la part du gouvernement israélien et de son allié américain, et que des négociations directes commençaient, le responsable européen, Lady Ashton, s’engageant à appliquer les 
directives de manière “compréhensive”. Les nouvelles les plus 
inquiétantes filtraient dans la presse, et l’AURDIP, ainsi que le 
BRICUP, montaient en créneau, mobilisant à plusieurs reprises les 
universitaires européens (plus de 800 signatures recueillies en 3 
jours), et les membres du Parlement Européen, afin que la Commission 
n’assouplisse pas les règles qu’elle venait d’édicter. Nous avons obtenu 
des réponses rassurantes du commissaire concerné et de Lady Ashton 
elle-même, ainsi que de Laurent Fabius, et nous espérons donc que ce 
premier froncement de sourcil en direction d’Israël ne se transformera 
pas en sourire de complaisance. Ce sera alors la première fois qu’une 
pression, si légère soit-elle, aura été exercée par l’Union Européenne 
sur Israël. L’AURDIP aura été très présente sur cette action, aux côtés 
du BRICUP.

Sur le plan international, l’année aura été marquée par le développement de la campagne BDS. Nous n’y voyons pas une fin en soi, mais le signe que, devant l’impuissance, ou la mauvaise volonté, de leurs gouvernements à faire respecter le droit international, comme le leur demandait par exemple la Cour Internationale de Justice dans son avis de 2004, dont nous célèbrerons cette année le dixième anniversaire, les citoyens cherchent à les rappeler à leurs obligations. Rappelons pour mémoire les prises de position de Stephen Hawking et de l’American Studies Association, ou la Campagne pour le boycott de la Conférence sur l’Histoire orale à l’université hébraïque de Jérusalem (toutes à retrouver sur le site de l’AURDIP). Vous y retrouverez aussi des pétitions à signer : 


Pétition à Christiane Taubira demandant l’abrogation de la lettre – circulaire Alliot-Marie

Campagne pour le boycott de la Conférence sur l’Histoire orale à l’université hébraïque de Jérusalem (qui veulent atteindre les 500 signatures)

Campagne pour le boycott de la Conférence d’études sur le cinéma et la télévision israéliens à l’université de Tel Aviv

La leçon que nous tirons de l’année écoulée est que la lutte de l’AURDIP doit
 désormais se porter sur le terrain du droit, ce qui est parfaitement 
conforme à notre mandat. Nous sommes désormais pour les autorités des interlocuteurs reconnus, et nous continuerons à faire valoir les grands 
principes du droit des gens et du droit international auprès de notre 
gouvernement, de la Commission Européenne, et des entreprises françaises 
qui, d’une manière où d’une autre, collaborent à l’occupation et à la 
colonisation. C’est dans l’affirmation des principes que nous serons 
nous-mêmes, et les événements récents nous montrent aussi que c’est sur 
ce terrain que nous pourrons remporter des victoires.

Ivar Ekeland,

Président de l’AURDIP

(*) Si vous n’êtes pas adhérent de l’AURDIP et que vous souhaitez y adhérer, merci de nous écrire à contact@aurdip.fr