Lettre de l’AURDIP au Président de l’Université de Lille concernant un projet commun de recherche entre les Universités de Lille et de Haïfa

L’AURDIP a écrit au Président de l’Université de Lille pour regretter vivement que l’Université de Lille ait choisi de conduire un projet commun de recherche avec l’Université de Haïfa sur le thème de l’égalité de genre. « A juste titre, l’Université de Lille n’accepterait surement pas dans le contexte actuel d’occupation de l’Ukraine d’organiser un tel projet avec une Université de Russie. Dès lors, nous ne comprenons pas pourquoi ce qui est valable pour la Russie ne l’est pas pour Israël qui occupe illégalement les territoires palestiniens depuis 1967 et s’est engagé dans la mise en œuvre d’un système d’apartheid, qui, selon le statut de la Cour pénale internationale, constitue un crime contre l’humanité. »

Prof. Régis Bordet, Président de l’Université de Lille

Monsieur le Président,

Nous avons appris que l’Université de Lille va participer à un projet commun de recherche avec l’Université de Haïfa sur le thème de l’égalité de genre, dont les deux responsables sont Anne Wagner (Université de Lille) et Shulamit Almog (Université de Haïfa). Ce projet commun de recherche donnera lieu à deux rencontres internationales qui se tiendront à l’Université d’Haïfa en Israël le 9 janvier 2023 et à l’Université de Lille du 3 au 6 juillet 2023.

Nous regrettons vivement que l’Université de Lille ait choisi de conduire un tel projet commun.

Il est pourtant bien connu des universitaires et des personnes de bonne volonté qu’Israël viole, à travers l’occupation des territoires palestiniens, de nombreuses règles du droit international, ce que lui a été si souvent rappelé par le conseil de sécurité et l’assemblée générale des nations unies.

Parmi ces règles violées, figurent celles relatives au droit international des droits de l’homme, comme l’a rappelé la Cour internationale de Justice dans son avis du 9 juillet 2004. Au fil du temps, le caractère systématique de ces violations a donné lieu à la mise en place d’un régime d’apartheid comme l’ont analysé les organisations Amnesty International, Human Rights Watch, B’Tselem et des rapporteurs spéciaux des Nations Unies.

A juste titre, l’Université de Lille n’accepterait surement pas dans le contexte actuel d’occupation de l’Ukraine d’organiser un tel projet avec une Université de Russie.

Dès lors, nous ne comprenons pas pourquoi ce qui est valable pour la Russie ne l’est pas pour Israël qui occupe illégalement les territoires palestiniens depuis 1967 et s’est engagé dans la mise en œuvre d’un système d’apartheid, qui, selon le statut de la Cour pénale internationale, constitue un crime contre l’humanité.

Nous le comprenons d’autant moins que le thème de ce projet commun de recherche porte sur l’égalité de genre, et donc sur un pan essentiel des droits humains, qui sont constamment violés par les autorités israéliennes et dont sont au demeurant privés les universitaires et étudiants palestiniens du fait de l’occupation. Là encore, l’Université de Lille trouverait certainement incongru, et à juste titre, l’organisation d’une manifestation sur les droits humains avec une Université russe.

Nous vous remercions pour l’attention que vous voudrez bien porter à notre courrier et vous demandons de mettre fin à ce projet commun de recherche.

Ivar Ekeland
Président de l’Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine AURDIP

Copie au Prof. Jean-Gabriel Contamin, Doyen de la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de l’Université de Lille