UNRWA : « Nous rejetons et condamnons cette décision américaine dans son intégralité »

La décision des Etats-Unis de suspendre sa participation financière à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens a provoqué de vives réactions.

Rejet, indignation, condamnation… La décision des Etats-Unis annoncée vendredi 31 août de suspendre sa participation à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a provoqué de vives réactions.

Sur fond de crise de plus en plus profonde avec Washington, l’Autorité palestinienne (AP) a dénoncé ce choix. « Nous rejetons et condamnons cette décision dans son intégralité », écrit ainsi dans un communiqué le négociateur en chef palestinien et secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, qui appelle les autres pays contributeurs « à rejeter cette décision et à fournir tout l’appui possible » à l’UNRWA.

L’agence de l’ONU n’a pas non plus tardé à réagir par l’intermédiaire de son porte-parole, Chris Gunness. Sur Twitter, il a fait part de « profonds regrets » et de « déception ».

« Nous rejetons dans les termes les plus forts la critique [disant] que les écoles, les centres de santé et les programmes d’assistance d’urgencede l’UNRWA sont “irrémédiablement imparfaits”. »

Appel des Nations unies aux autres pays

Dans un communiqué, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, dit « regretter » la décision américaine, alors que l’UNRWA « fournit des services essentiels aux réfugiés palestiniens et contribue à la stabilité de la région ».

M. Dujarric souligne que l’agence « bénéficie de la pleine confiance du secrétaire général » et il salue les efforts d’adaptation de l’organisation à la suite de la réduction au début de l’année des financements américains. Antonio Guterres « appelle les autres pays à aider à combler le déficit financier » de l’UNRWA afin qu’elle « puisse continuer à fournir son assistance vitale » aux Palestiniens, écrit M. Dujarric.

Quelques initiatives ont déjà émergé pour tenter de pallier le retrait des Etats-Unis. Berlin a annoncé vendredi une hausse « substantielle » de sa contribution et a appelé ses partenaires européens à en faire autant. La Jordanie a de son côté annoncé la tenue d’une conférence le 27 septembre à New York afin de la soutenir.

Israël « soutient la décision américaine, a déclaré un responsable du bureau du premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, sous couvert de l’anonymat. Renforcer le statut de réfugié des Palestiniens est l’un des problèmes qui font que le conflit [israélo-palestinien] s’éternise. »

Les Etats-Unis et Israël accusent l’Unrwa de maintenir l’idée — à laquelle ils s’opposent — que de nombreux Palestiniens sont des réfugiés dotés du droit au retour sur les terres qu’ils ont fuies ou dont ils furent chassés lors de la création d’Israël, en 1948.
« Les Etats-Unis renient leurs engagements »

Avant l’officialisation de la décision américaine et alors que la rumeur de la suspension de l’aide se faisait de plus en plus audible, Hossam Zomlot, qui représente officiellement à Washington l’OLP, avait mis en garde : « Couper l’aide à l’UNRWA signifie que les Etats-Unis renient leurs engagements internationaux et leur responsabilité. »

« En faisant siennes les positions israéliennes les plus extrêmes sur tous les sujets, y compris sur les droits de plus de cinq millions de réfugiés palestiniens, l’administration américaine a perdu son statut de médiateur et nuit non seulement à une situation déjà instable mais aussi aux chances d’une paix future au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.

La United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (Unrwa), mise en place par une résolution de l’ONU de 1949, aide plus de trois millions de Palestiniens sur les cinq millions enregistrés comme réfugiés, notamment à travers ses écoles et ses centres de santé. D’ici à la fin de septembre, l’agence « n’aura plus un sou », avait averti mercredi son porte-parole, Chris Gunness.