Déclaration de l’USACBI sur l’annulation de la procédure de sélection du nouveau titulaire de la Chair Edward Saïd à l’université de Californie de Fresno et sur la répression qui se poursuit contre l’érudition critique

La Campagne américaine pour le boycott académique et culturel d’Israël (USACBI) est profondément préoccupée par les agressions récentes, choquantes, contre la liberté académique et l’ingérence dans la gouvernance du corps….

La Campagne américaine pour le boycott académique et culturel d’Israël (USACBI) est profondément préoccupée par les agressions récentes, choquantes, contre la liberté académique et l’ingérence dans la gouvernance du corps enseignant, et par une autonomie qui se concentre sur la répression de l’érudition critique concernant Palestine-Israël et sur une discrimination à l’encontre des universitaires palestiniens et arabes de la part des administrateurs de l’université, en collusion avec la corps enseignant sioniste et des groupes d’intérêts extérieurs.

À l’université d’État de Californie (CSU)-Fresno, l’administration a brusquement annulé la procédure de sélection du nouveau titulaire de la Chaire Edward Saïd en études moyen-orientales, qui avait déjà été complétée et après son approbation par les administrateurs concernés. La directrice des Études moyennes-orientales, Vida Samiian, chercheuse émérite et ancienne doyenne de la CSU-Fresno, a démissionné de sa fonction pour protester contre cette annulation contraire à l’éthique et discriminatoire de la recherche par le vice-président associé pour les Affaires de la faculté, Rudy Sanchez. Samiian a déclaré publiquement que sa décision avait également été prise pour protester contre le harcèlement des membres de la Commission de recherches par le corps enseignant sioniste, contre l’ingérence extérieure et les plaintes, concernant les finalistes et leurs politiques, par des groupes d’intérêts sionistes. Cette ingérence et cette pression ont été signalées à l’administration de l’université, laquelle n’a tenu aucun compte de ces plaintes et a déclaré que la recherche était close. Au lieu d’agir pour protéger l’intégrité de la recherche et l’autonomie du corps enseignant, les administrateurs ont fait droit à l’intimidation des sionistes et aux agressions anti-palestiniens/arabes contre la liberté académique.

Tous les quatre finalistes étaient arabes, ou palestiniens d’origine, et au moins deux soutiennent le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) qui conteste les violations des droits humains par Israël, et le boycott académique en particulier. Le professeur Joe Parks, représentant Équité en matière d’emploi à la Commission Recherche de la CSU-Fresno, a écrit pour condamner l’annulation finale de la recherche, le 11 mai 2017 :

« Comme jeune homme dans les années 1960, je suis un ancien combattant pour les droits civils et je reconnais le racisme quand je le vois en face de moi. Je crois que l’administration ‘s’est fourvoyée’ dans le racisme parce que les quatre finalistes étaient d’origine moyen-orientale… Je crois que l’administration a violé l’intégrité de la recherche académique et de la liberté académique de l’enseignement supérieur aux États-Unis d’Amérique. Il est honteux que nous en soyons encore à lutter contre le racisme, le sectarisme et la haine durant ce nouveau siècle, le XXIe ».

Cette scandaleuse agression contre la gouvernance de la faculté et cette intimidation par les sionistes n’ont rien de nouveau. La discrimination contre les Palestiniens, les Arabes et les musulmans s’est renforcée dans le monde universitaire. Cette discrimination s’est particulièrement concentrée contre le BDS, et contre la stratégie antiraciste et anticoloniale visant à dénoncer et à finalement mettre fin à l’apartheid en Israël. Les administrateurs de l’université ont défendu à plusieurs reprises le programme d’apartheid du sionisme en étouffant, sanctionnant, ou censurant les défenseurs du BDS. Nous avons vu cela notamment dans l’attaque contre le professeur Steven Salaita par les administrateurs de l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign, et dans le cas récent d’un refus permanent du professeur Sean McMahon à l’université américaine du Caire. Le président Joseph Castro, à la CSU-Fresno, par sa décision, participe à cette répression.

Cette tendance, si elle se poursuit, équivaut à un embargo académique contre les investigations critiques sur Palestine-Israël et à un blocus raciste contre l’entrée d’universitaires palestiniens au sein de l’académie et contre ceux qui soutiennent un militantisme pour une justice mondiale dans la forme du BDS. Il est terriblement ironique que ce soit le regretté universitaire Edward Saïd qui décrivait la critique d’Israël comme « le dernier tabou » aux Etats-Unis. Et c’est une profonde parodie du remarquable héritage de Saïd qu’un poste nommé en l’honneur de ce célèbre universitaire en études postcoloniales soit annulé arbitrairement, sans consultation démocratique ou explication crédible. En outre, il est honteux que les administrateurs d’une université américaine semblent œuvrer sous les ordres des groupes du lobby pro-Israël et d’individus anti-palestiniens extérieurs au campus. Comme dans les autres cas, qui sont liés, les pratiques discriminatoires de la CSU-Fresno violent les obligations éthiques et juridiques de la liberté académique, les droits du Premier Amendement, et le Titre VI de la loi sur les Droits civils, qui protègent le corps enseignant et les étudiants.

Il est tragique de noter qu’un universitaire palestinien aussi brillant et prolifique que Salaita, et aussi ces finalistes pour le poste à la CSU-Fresno, soient condamnés à un exil universitaire, et n’aient pu obtenir des emplois universitaires stables aux États-Unis. À la fonction croissante d’adjoint dans l’université néo-libérale s’ajoute l’expulsion de certains des meilleurs universitaires de principe en études palestiniennes, dont la vie devient plus précaire en raison de la sionisation de la vie académique états-unienne. La création d’une une classe de réfugiés académiques qui passent d’un pays à un autre est encore plus dure pour les Palestiniens, dont le peuple entier a été déplacé et dépossédé par l’État sioniste, avec l’aide toujours plus importante des États-Unis. Cette ironie historique a aussi donné lieu à une déformation du savoir académique sur Palestine-Israël, dans la mesure où les opinions que la CSU-Fresno et d’autres universités tentent d’exclure de l’université US ont comme objectif l’analyse et la critique du colonialisme de peuplement et de l’apartheid qui les ont conduits à l’exil et ont ruiné leur vie.

L’annulation par la CSU-Fresno de cette recherche doit être comprise dans le contexte des attaques racistes qui augmentent contre les Arabes et les musulmans à travers le pays. Nous vivons un moment où beaucoup d’Américains sont scandalisés par l’autoritarisme du Président. Les étudiants et le corps enseignant dans tous les États-Unis sont inquiets pour la préservation de la démocratie et de la contestation. Les actions de ce genre que nous voyons à la CSU-Fresno contribuent à l’érosion des pratiques démocratiques, révélant comme elles le font que la démocratie et la contestation sont mises hors la loi sur les campus universitaires quand il est question de Palestine-Israël, apparemment une exception à la liberté académique.

L’USACBI appelle à la réouverture de la recherche universitaire à la CSU-Fresno et à ce qu’elle se poursuive sans préjugés raciaux ni ingérence sioniste, et appelle les chercheurs à rejoindre le mouvement pour le boycott académique d’Israël.

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