Des ambassadeurs européens boycottent une excursion sur une nouvelle ligne ferroviaire israélienne parce qu’elle traverse la Cisjordanie

Des ministres abandonnent une excursion sur la ligne ferroviaire rapide Jérusalem-Tel Aviv après que des représentants de l’Union européenne eurent décliné l’invitation. Officiel : le segment au-delà de la Ligne verte est souterrain, et n’a que quelques centaines de mètres de longueur.

Le ministère des Transports a annulé la visite de diplomates étrangers des tunnels de la ligne ferroviaire rapide Tel Aviv-Jérusalem en cours de construction. Selon des hauts responsables israéliens et des diplomates européens, l’excursion a été abandonnée après que des ambassadeurs de l’UE ont décidé de ne pas y participer, au motif que l’un des tunnels traverse la Cisjordanie, considérée comme territoire occupé par la communauté internationale.

Des responsables israéliens de haut rang, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, ont dit que le ministère des Transports avait décidé il y a quelques semaines de présenter à des diplomates étrangers l’un des plus importants projets d’infrastructure du pays, avec la participation de grandes entreprises internationales. À la demande du ministère des Transports, le ministère des Affaires étrangères a adressé des invitations à tous les ambassadeurs en service en Israël. La date de l’excursion était programmée pour début juin.

Les ministères ne s’attendaient à aucun problème, mais comme on a pu le voir, l’excursion était devenue controversée. Selon un haut responsable israélien, des ambassadeurs de l’UE avaient informé le ministère des AE qu’ils n’y participeraient pas. Les responsables du ministère ont bientôt découvert que le chef de la délégation de l’UE en Israël, Lars Faaborg-Andersen, avait exhorté les ambassadeurs à ne pas y participer, parce qu’une partie de la voie ferrée traverse la Zone C de la Cisjordanie, territoire qui, en vertu des Accords d’Oslo, se trouve sous le contrôle civil et le contrôle militaire des Israéliens.

Un haut diplomate européen, qui a demandé à ne pas être nommé, a fait une déclaration légèrement différente, disant qu’après avoir reçu les invitations, plusieurs ambassadeurs avaient soulevé la question lors de la réunion hebdomadaire de Faaborg-Andersen avec les 28 ambassadeurs de l’UE en Israël.

Le diplomate a déclaré que Faaborg-Andersen avait demandé quels étaient les ambassadeurs qui avaient prévu de se joindre à l’excursion, en notant qu’une partie de la voie ferroviaire était du côté palestinien de la ligne de 1967 et que, par conséquent, il se posait un problème sur lequel une décision commune devait être prise. Certains ambassadeurs ont dit qu’ils n’avaient pas prévu d’y participer pour des raisons d’horaires. Un certain nombre ont dit qu’ils ne voulaient pas participer pour des raisons politiques, après que d’autres se sont déclarés d’accord pour y envoyer leur attaché économique. Une source diplomatique européenne indique qu’après une brève discussion, il a été décidé que le consensus était pour qu’aucun des ambassadeurs ne participe.

C’est après cette réunion que les différents ambassadeurs ont informé le ministère des AE qu’ils ne seront pas présents. Selon un haut responsable israélien, certains ont dit de façon explicite qu’ils ne participeront pas parce qu’une partie de la voie ferrée traverse la Cisjordanie.

Après avoir examiné la situation, les ministères des AE et des Transports ont conclu que la décision des ambassadeurs de l’UE pouvait aboutir à ce que d’autres ambassadeurs agissent de la même façon, transformant l’excursion en un incident diplomatique fortement embarrassant. Il a été finalement décidé de la reporter à une date ultérieure, et d’informer les ambassadeurs étrangers du changement.

Les deux ministères ont été surpris par la décision des ambassadeurs européens, la voyant comme une sorte de boycott qui pourrait faire du projet de voie ferrée rapide un sujet controversé dans la communauté internationale. Un haut diplomate européen a dit, cependant, que la décision de ne pas participer était liée spécifiquement à l’excursion et qu’il n’y avait aucune intention de créer une controverse sur le projet ferroviaire. Le diplomate notait également que les diplomates européens utilisent la Route 443, qui va au-delà des limites de 1967 entre le secteur de Tel Aviv et Jérusalem, et qu’ils utiliseront la nouvelle ligne ferroviaire une fois qu’elle sera en exploitation.

Faaborg-Andersen a confirmé n’avoir aucune intention de participer à l’excursion, mais il a refusé de répondre aux questions de Haaretz sur le sujet.

Le ministre des Transports, Yisrael Katz, a exprimé sa surprise sur la décision des ambassadeurs européens. « La ligne ferroviaire rapide Tel Aviv-Jérusalem est un projet national qui reliera la capitale d’Israël à toutes les parties du pays, et elle se construit dans le respect des lois de l’État d’Israël, au profit de toute la population de la région et avec l’approbation de la Cour suprême » a-t-il déclaré.

« Dans ce contexte, les ambassadeurs des pays étrangers ont été invité à visiter et à se faire une idée de cette importante entreprise. L’intervention de l’ambassadeur de l’Union européenne et sa tentative d’empêcher les ambassadeurs de venir participer constituent une ingérence inopportune dans les affaires intérieures de l’État d’Israël. Sont-ils en train de boycotter la ligne ferroviaire rapide vers Jérusalem ? Avant que la prochaine date soit fixée pour l’excursion, je m’adresserai personnellement aux ambassadeurs des pays dont les entreprises ont pris part à la construction du projet, et je leur demanderai de venir » a déclaré Katz.

Selon un responsable de son ministère, le segment souterrain du chemin de fer qui se trouve de l’autre côté de la Ligne verte ne fait que quelques centaines de mètres de longueur.

En novembre 2010, l’Administration civile d’Israël a exproprié 50 dunums (5 hectares) qui appartiennent au village palestinien de Beit Iksa, pour la nouvelle voie ferrée. Un tunnel ferroviaire, à quelques dizaines de mètres de profondeur, devait être construit sur une bande de 20 dunums dans ce secteur, le reste, 30 dunums, devant servir de zone de transit pendant la construction du tunnel. La partie restante de terre doit être réhabilitée une fois la construction terminée et revenir à ses propriétaires.

En mai 2011, l’entreprise ferroviaire nationale allemande, Deutsche Bahn, annonçait qu’elle se retirait du projet ferroviaire au motif qu’une partie de la voie traverse la Cisjordanie. La Compagnie, qui est propriété du gouvernement allemand, a servi de consultant pour les Chemins de fer d’Israël, et pour ce projet spécifique, elle était essentiellement chargée du réexamen des documents.

L’hebdomadaire allemand Der Spiegel rapportait à l’époque que le ministre des Transports allemand, Peter Ramsauer, avait déclaré au directeur général de la Deutsche Bahn que la voie ferroviaire projetée est « problématique d’un point de vue politique » et qu’elle viole le droit international.