Vous pouvez signer cette tribune lancée par les étudiant-e-s de Sciences Po Strasbourg en réaction aux propos et pratiques du directeur révélés par Blast.
La semaine dernière, Blast a révélé des échanges de mails qu’Emmanuel Droit, nouvellement directeur de Sciences Po Strasbourg, a eu avec le RRA (Réseau de recherche sur le Racisme et l’Antisémitisme), à l’origine de la censure du colloque “Palestine et Europe” au Collège de France. Dans ces échanges, le directeur cible une enseignante de l’IEP, ainsi qu’une chercheuse du CNRS dans des termes limpides et honteux : « Je rebondis sur la discussion autour de ce colloque au Collège de France car je viens de m’apercevoir qu’une collègue politiste, qui depuis un an ne fait plus que du militantisme pro-palestinien au sein de mon IEP, a invité l’une des intervenantes programmées à cette manifestation organisée par H. Laurens au Collège de France. Que savez-vous à propos de Stéphanie Latte-Abdallah? ».
Alors qu’il était au courant dès l’été de cette conférence de Sciences Sociales organisée par le Master Études Européennes et Internationales sur le thème “Les Sciences Sociales dans les sociétés en conflits” sur l’Ukraine et la Palestine, Emmanuel Droit cherche donc à alerter sur cette chercheuse du CNRS (Prix de la recherche universitaire 2005 du Monde, Médaille de Bronze du CNRS). Pourquoi ?
Pourquoi donc cherche-t-il à alerter la présidence au sujet d’une chercheuse d’une institution partenaire ? Parce qu’elle parle de la Palestine dans ses recherches ?
« Elle intervient devant des étudiants de Master pour parler de Gaza comme exemple de société en guerre… Quand je vois qu’elle intervient la semaine prochaine dans un panel appelé « Le sionisme comme projet européen d’expansion coloniale », cela me fait peur et froid dans le dos… Associer le sionisme à une histoire du colonialisme est non seulement faux mais relève clairement d’une grammaire antisémite. » Dit-il. Il répond ensuite : « Merci, oui, en faisant des recherches, je viens de voir qu’elle n’a que le mot génocide à la bouche… »
Blast écrit : “C’est donc nettement suggéré : parce qu’elle participe à un panel scientifique consacré aux débats universitaires sur la question du sionisme et du colonialisme, Stéphanie Latte Abdallah serait une chercheuse suspectable, qu’Emmanuel Droit voudrait pouvoir dénoncer comme telle auprès de l’autorité compétente.”
Nous rappelons l’article L. 141-6 du Code de l’éducation :
« Les enseignants-chercheurs, les enseignants et les chercheurs jouissent d’une pleine indépendance et d’une entière liberté d’expression dans l’exercice de leurs fonctions d’enseignement et de leurs activités de recherche, sous les réserves que leur imposent, conformément aux traditions universitaires et aux dispositions du présent code, les principes de tolérance et d’objectivité. »
Le directeur, par ces échanges de mail, s’engage donc activement contre la liberté académique.
Un comble pour lui qui se plaît à se peindre en chevalier de cette même liberté dans ses engagements de directeur. Lorsque c’est la Palestine qui est évoquée, que ce soit par les étudiant-es ou apparemment même maintenant par les chercheurs-euses et les enseignant-es, ces discours et ces personnes sont surveillés, fichés et censurés.
Dans ces échanges aussi, la supposition de l’origine palestinienne de Stéphanie Latte-Abdallah par des membres du RRA est raciste, et qu’elle “puisse éventuellement constituer, par elle-même, une preuve irrécusable de la prétendue partialité d’une chercheuse dont le sérieux est pourtant unanimement reconnu par ses pairs” (Blast) est une honte.
Nous appelons tous-tes celles et ceux qui sont attaché à la liberté académique, étudiant-es, enseignant-es, chercheur-euses, BIATPSS et citoyen-nes à se rassembler ce mercredi 19 novembre à midi devant le Cardo. Nous y rappellerons notre attachement à la liberté académique, notre solidarité pour la chercheuse surveillée et pour l’enseignante lâchement mise en cause.
Lancée par l’AG des étudiant-es mobilisé-es de Sciences Po Strasbourg
