La conférence sur Israël, interdite au Royaume-Uni, se déplace en Irlande

Une conférence académique sur Israël, interdite au Royaume-Uni deux années de suite, se porte dans un nouveau lieu en Irlande, ont annoncé cette semaine ses organisateurs. « Le droit international….

Une conférence académique sur Israël, interdite au Royaume-Uni deux années de suite, se porte dans un nouveau lieu en Irlande, ont annoncé cette semaine ses organisateurs.

« Le droit international et l’État d’Israël : légitimité, responsabilité et exceptionnalisme » devait se tenir à l’université de Southampton en avril 2015.

Mais elle a été annulée, presque au dernier moment, après que l’université eut fait l’objet d’intenses pressions de la part de ministres du gouvernement britannique et des lobbys pro-Israël.

L’organisateur et universitaire de Southampton, Oren Ben-Dor, a déclaré à The Electronic Intifada mercredi que ce serait l’University College Cork qui allait accueillir la conférence au printemps 2017.

« Nous avons dû changer de pays pour cela », a dit Ben-Dor, mettant en avant que les administrateurs de Southampton sont « du mauvais côté de l’histoire » en supprimant la liberté d’expression sur Israël.

Il a indiqué que le dossier juridique des organisateurs de la conférence était encore en préparation et que ceux-ci sont actuellement en recherche de jurisprudences favorables à l’université.

« Intimidations et menaces »

En attendant, la liste des participants à la conférence de Cork comprend d’éminentes personnalités palestiniennes et israéliennes, telles que l’historien Ilan Pappe, l’universitaire palestinien et ancien membre du parlement d’Israël Azmi Bishara, et les auteurs et universitaires Ghada Karmi et Victor Kattan.

Ceux qui demandant à ce que la conférence « controversée » soit arrêtée ont prétendu qu’elle est partiale. L’organisation pro-Israël, le Conseil des députés britanniques juifs, a mené la charge pour qu’elle soit annulée, affirmant qu’il s’agissait « d’un rassemblement international d’antisionistes qui utilisaient la couverture d’une université éminente ».

Le directeur de la recherche à l’école de Droit de l’université a écrit à l’époque que l’annulation avait eu lieu en raison « d’intimidations et de menaces de la part du lobby israélien » et que la capitulation de l’université était « scandaleuse ».

Les lobbyistes d’Israël ont revendiqué la responsabilité de l’annulation de la première conférence, et l’un d’eux a ouvertement déclaré à The Jewish Chronicle que les raisons invoquées pour l’annulation étaient un prétexte.

Ben-Dor a souligné que des universitaires pro-Israël avaient prévu de participer aussi à la conférence – comme ils l’avaient fait lors de la conférence initiale.

Parmi ceux-ci figurent l’historien sioniste, de la droite dure, Geoffrey Alderman, et Alan Johnson de l’entreprise de relations publiques pro-Israël, le Centre de communications et de recherche Grande-Bretagne/Israël.

Le parcours judiciaire

En avril 2015, les organisateurs ont traduit l’université de Southampton devant la Haute Cour de Londres, faisant valoir que l’annulation de l’initiative constituait une violation de la liberté d’expression.

L’université a prétendu que la conférence n’était pas interdite mais seulement « reportée ». Le juge s’est mis du côté de de l’université.

Mais en mars de cette année, une fois encore, l’université a annulé la conférence. Cette fois, elle a évoqué des « risques » pour les participants en raison de manifestations possibles pro-Israël ou autres – et ce, alors que les organisateurs s’étaient engagés à ne pas tenir de contre-manifestation.

Les avocats représentant les organisateurs ont soutenu que l’université leur avait imposé des conditions coûteuses, notamment près de 30 000 dollars (environ 28 500 €) en frais de sécurité, un coût que l’université refusait de couvrir.

La Haute Cour, en avril, s’est à nouveau rangée du côté de l’université.

Ben-Dor a déclaré mercredi que s’il se trouvait confirmé, ce précédent signifierait que « seuls les gens riches peuvent tenir des conférences controversées », et que « n’importe quel voyou là-bas peut leur imposer le silence », simplement en menaçant de tenir une manifestation.

L’université de Southampton a refusé de communiquer sa correspondance avec les groupes pro-Israël et les autres à propos de la conférence comme l’a demandé, sur la base de la loi relative à la liberté de l’information, The Electronic Intifada. L’université a prétendu que la communication de ces documents, même censurés, à une publication basée aux États-Unis contreviendrait aux dispositions de la protection des données en droit britannique.