Les étudiants du Sussex entrent dans la vague de boycotts d’Israël au Royaume-Uni

Les étudiants de l’université du Sussex au Royaume-Uni ont voté massivement pour que leur syndicat devienne partie prenante du mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). Lors d’un référendum sur….

Les étudiants de l’université du Sussex au Royaume-Uni ont voté massivement pour que leur syndicat devienne partie prenante du mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS).

Lors d’un référendum sur le campus, clos ce vendredi, 806 étudiants ont voté en faveur du BDS (68 % des suffrages exprimés), à comparer avec les seulement 373 voix contre.

Le référendum garantit que les produits israéliens vont rester sur les étagères des boutiques du syndicat étudiant. Cette politique était en vigueur depuis 2009 mais elle arrivait à échéance.

Le vote signifie que le syndicat étudiant devrait maintenant intensifier sa campagne contre le contrat entre l’université du Sussex et Veolia, une multinationale à base française ciblée par le mouvement BDS pour son rôle dans les colonies israéliennes illégales.

J’ai parlé avec Kareem B., un étudiant palestinien engagé dans la campagne très visible du campus, campagne qui a comporté plusieurs semaines d’initiatives et d’actions sur le campus.

« Les étudiants du Sussex ont été horrifiés par le massacre des Palestiniens par Israël à Gaza l’été dernier, » dit-il. « Nous avons été en mesure de montrer que rejoindre le mouvement BDS est l’une des façons les plus efficaces pour agir en solidarité avec les étudiants et les jeunes palestiniens ».

« Ce vote démontre que BDS suscite désormais un attrait populaire sur notre campus. Nous sommes impatients de développer la campagne BDS ici dans le Sussex, l’année prochaine, avec le soutien du syndicat étudiant », ajoute-t-il.

Les syndicats et organisations d’étudiants à Gaza avaient demandé aux étudiants du Sussex de voter pour le BDS dans une déclaration écrite.

Les quelques étudiants favorables à Israël sur le campus ont été incapables de s’entendre sur la meilleure façon de défendre les crimes d’Israël, ce qui montre que la campagne anti-BDS sur le campus est encore plus faible qu’on le pensait. Un seul étudiant pro-Israël a manifesté son opposition au BDS lors d’un débat organisé par le syndicat étudiant.

Un mouvement qui monte au Royaume-Uni

La confortable victoire au référendum du Sussex est la plus récente de toute une série d’avancées impressionnantes du mouvement BDS sur les campus dans toute la Grande-Bretagne.

Durant la guerre d’Israël contre Gaza, la commission exécutive du Syndicat national des étudiants (le NUS), dont quasiment tous les syndicats étudiants des campus sont membres, a voté pour soutenir et rejoindre le mouvement BDS.

Ils étaient plus d’une centaine de militants étudiants de tout le Royaume-Uni à se réunir à Sheffield en octobre pour organiser une année universitaire de succès BDS.

En janvier, les étudiants de l’université du College London ont voté pour que le syndicat étudiant mette fin à son contrat de recouvrement avec G4S, société britannique qui aide Israël à gérer ses prisons où les prisonniers politiques palestiniens sont détenus sans jugement et soumis à la torture.

Le syndicat étudiant de l’université d’Essex a récemment résilié son contrat avec G4S grâce à une campagne étudiante, faisant suite à des votes similaires, ces dernières années, afin de résilier des contrats G4S, dans des syndicats étudiants à Kent, Dundee et Edinbourg.

En février, les étudiants et le personnel de l’École des études orientales et africaines de Londres ont voté le soutien au boycott universitaire des universités israéliennes, avec 78 % des votants en faveur du BDS. Ce vote créait un précédent en ce que le personnel et les universitaires de l’établissement y participaient aux côtés des étudiants.

Cette année universitaire a vu huit autres syndicats étudiants en Grande-Bretagne rejoindre le mouvement BDS.

Des résolutions en soutien au BDS ont été approuvées par des votes de syndicats étudiants à Essex, Goldsmiths, Birkbeck, Kingston, Swansea, Exeter, Brunel et, juste la semaine dernière, à l’université de Strathclyde.

Au NUS, la conférence pour les Femmes et celle de la Campagne des troisième cycle ont toutes deux voté récemment des résolutions en faveur des tactiques du BDS. La motion votée par les membres de la Campagne des troisième cycle incluait une clause spécifique sur le boycott universitaire, autre signe qui montre que même le boycott universitaire, précédemment considéré comme controversé, est désormais largement accepté au sein du mouvement étudiant en Grande-Bretagne.

Ces dernières années, on a vu des universités, dont le Kings College London, celles de Southampton et de Sheffield, laisser tomber des contrats avec des sociétés comme G4S et Veolia, grâce à des campagnes d’étudiants.

Tant G4S que Veolia sont en train de discuter actuellement pour abandonner certains aspects de leur complicité avec l’apartheid israélien. Les actions étudiantes contre ces sociétés ont apporté leur puissante contribution à ces campagnes internationales victorieuses de BDS.

Un consensus limpide

Malia Bouattia, présidente de la campagne des étudiants noirs du NUS, qui approuve aussi le BDS et qui est membre de la commission exécutive, m’a dit que la solidarité avec les Palestiniens prédomine aujourd’hui chez les étudiants britanniques.

« Il existe maintenant un consensus limpide parmi les étudiants britanniques pour le soutien à la lutte palestinienne contre le colonialisme et l’apartheid israéliens. Plus de 25 syndicats étudiants britanniques ont voté en faveur des résolutions BDS ces dernières années, et aucune résolution anti-BDS n’a été voté, nulle part, au Royaume-Uni, une chose dont les délégués à la conférence du NUS en avril feraient bien de se souvenir quand la politique du NUS sur le BDS viendra en débat », explique Bouattia.

« BDS représente une stratégie claire pour les étudiants britanniques pour aider à mettre fin au soutien international à l’apartheid israélien. Désormais, il nous faut construire de plus grandes campagnes qui pourront faire pression sur plus d’universités britanniques afin qu’elles coupent leurs liens avec les sociétés et les institutions qui contribuent aux crimes d’Israël contre les Palestiniens », ajoute-t-elle.

À en juger par cette organisation inlassable et créative sur les campus durant cette année universitaire en Grande-Bretagne, le mouvement BDS parmi les étudiants britanniques est bien parti pour garantir plus encore de ces succès impressionnants dans les mois qui viennent.